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Le trafic illégal d'espèces sauvages dans le monde se poursuit, déplore l'ONU

Dans un nouveau rapport analysant les saisies et arrestations survenues entre 2015 et 2021, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime montre que, malgré quelques progrès, le trafic illégal d'espèces sauvages est encore loin d'être endigué.

Biodiversité  |    |  F. Gouty
Le trafic illégal d'espèces sauvages dans le monde se poursuit, déplore l'ONU

« Le trafic illégal d'espèces sauvages demeure un problème mondial loin d'être résolu. » Telle est la conclusion du troisième rapport (1) quadriennal sur le sujet de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), publié le 14 mai. Si des progrès sont constatés, notamment en ce qui concerne les articles attachés à des espèces iconiques (comme l'ivoire d'éléphants ou les cornes de rhinocéros), l'ampleur du phénomène reste significative, de sorte que l'engagement des Nations unies d'y mettre fin d'ici à 2030 (pour ce qui est des espèces protégées) ne pourra très certainement pas être atteint. Un engagement dont la mise en œuvre sera discutée à Bogota (Colombie), entre les 21 octobre et 1er novembre prochains, à l'occasion de la COP16 sur la biodiversité.

Quelque 4 000 espèces sauvages victimes

D'après les données recueillies par l'ONUDC, regroupant des registres nationaux de saisies et d'arrestations ainsi que des études et des enquêtes de terrain, plus de 140 000 saisies, représentant environ 16 000 tonnes d'articles ou 13 millions de spécimens animaux ou végétaux, ont été enregistrées entre 2015 et 2021 dans 162 pays du monde (contre près de 93 000 saisies sur une période équivalente, 2011 à 2017, dans 142 pays dans le précédent rapport (2) ). Environ 4 000 espèces animales et végétales en sont victimes, dont 3 250 listées en annexe de la Convention sur le commerce international des espèces menacées (Cites). « Sur les 1 652 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles ou amphibiens saisis, 40 % sont considérées comme "menacées" ou "quasi-menacées" par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) », attestent les auteurs du rapport.

Les chiffres compilés par l'ONUDC montrent, en outre, d'autres tendances. Le nombre de saisies d'articles ou de spécimens animaux chute depuis 2019 tandis qu'il augmente continuellement depuis 2016 pour les plantes, avec d'importantes hausses depuis 2019 pour ce qui est des saisies de bois de cèdre ou d'acajou et d'agar vendus illégalement. Les animaux restent les premières victimes de ce commerce illicite : 16 % des saisies concernent la vente de coraux ou d'échantillons de corail, 9 % de spécimens, d'éléments ou de viande de crocodiliens et 6 % d'éléphants. À l'échelle mondiale, la France compte parmi une demi-douzaine de pays ayant enregistré plus de 10 000 saisies entre 2015 et 2021 (aux côtés de l'Espagne, de l'Allemagne, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, du Brésil, de la Nouvelle-Zélande et des États-Unis).

Continuer de renforcer l'action internationale

40 %

des 1 652 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles ou amphibiens saisis sont considérées comme « menacées » ou « quasi-menacées » par l'Union internationale pour la conservation de la nature
Malgré le nombre impressionnant de saisies, l'ONUDC rappelle que « celles-ci ne pourront arriver seules à réduire les activités criminelles au cœur de la quinzaine de ces marchés souterrains ». Elle recommande d'investir « dans la surveillance et l'analyse des nouveaux développements et repositionnements de ces marchés en temps réel ». Elle se félicite en cela du progrès de la communauté internationale en ce sens, d'abord avec la fondation en 2010 du Consortium international de lutte contre le trafic illégal d'espèces sauvages (ICCWC), liant l'ONUDC au secrétariat de la Cites, à Interpol et à l'Organisation mondiale des douanes (OMD) ; puis, avec la série de résolutions adoptées par les Nations unies entre 2015 et 2023. « Une nouvelle étude, menée actuellement par nos services, relève déjà que 164 États membres des Nations unies pénalisent aujourd'hui ce commerce illicite, indique l'ONUDC dans son rapport. Ils sont 86 à prévoir des sanctions relevant de "crimes violents" et des peines de prison d'au moins quatre ans. » Pour rappel, en France, une personne jugée coupable de trafic d'espèce sauvage risque jusqu'à 150 000 euros d'amende et trois années de prison (ou 750 000 euros et sept années de prison en bande organisée).

Malheureusement, regrette l'ONUDC, « plusieurs études montrent que la plus grande part des arrestations et des incarcérations visent des criminels de bas étage ». Or, selon elle, « il y a un risque que cela crée une illusion de progrès, au même titre qu'un nombre grandissant de saisies, tandis que les organisations criminelles et leurs cerveaux se contentent de trouver de nouveaux exécutants pour continuer leurs activités ». Et l'instance onusienne de souligner « qu'au-delà d'une menace existentielle pour les espèces ciblées, les destructions et prélèvements engendrés par le trafic illégal provoquent des impacts écosystémiques déstabilisant les interdépendances entre espèces sur lesquelles reposent les fonctions écosystémiques, y compris celles jouant un rôle sur le réchauffement climatique ». De plus, cette criminalité « réduit les bénéfices socioéconomiques pour les populations locales, que cela soit leurs revenus du commerce légal ou l'accès à la nourriture » et « favorise la corruption et la fraude au niveau politique ».

1. Consulter le rapport 2024 de l'ONUDC
https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/wildlife/2024/Wildlife2024_Final.pdf
2. Consulter le rapport 2020 de l'ONUDC
https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/wildlife/2020/World_Wildlife_Report_2020_9July.pdf

Réactions1 réaction à cet article

Bien sûr que la plupart des personnes arrêtées sont de petites mains !Il faudrait donc des contingents de policiers spécialisés dans ce genre de trafic en relation entre eux à l'international, comme pour la lutte contre le trafic de drogue.Malheureusement il y a des états qui s'en fichent et même , comme la Chine, continuent de tolérer que leur population utilise des produits animaux dans leurs médecines "traditionnelles" comme ceux issus du tigre ou de l'ours, et d'autres comme en Afrique ou en Indonésie, qui ne protègent pas les grands singes ou les éléphants. Dans ces conditions une surveillance par satellites dédiés serait très appropriée.

gaïa94 | 16 mai 2024 à 18h08 Signaler un contenu inapproprié

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