Sur les 23 échantillons d'eau de rivières ou de ruisseaux collectés dans 11 pays européens (1) , les trois quarts (17) présentaient des niveaux détectables de glyphosate ou de son métabolite Ampa, selon une initiative du réseau Pesticide Action Network Europe (2) (PAN Europe). Plusieurs ONG ont en effet prélevé dans ces pays des échantillons après la période agricole, fin octobre. Le métabolite est donc plus fréquemment détectable que le glyphosate.
Les concentrations les plus élevées ont été observées en Pologne pour l'Ampa (3,9 μg/L) et au Portugal pour le glyphosate (de 3 μg/L ). Pour mémoire, le seuil de qualité pour l'eau potable est fixé à 0,1 μg/L et la limite sanitaire à 900 μg/L. Cinq échantillons d'eau (22 %), collectés en Autriche, en Espagne, en Pologne et au Portugal, contenaient du glyphosate à des niveaux dépassant le seuil de qualité. Parmi les échantillons contenant des résidus détectables d'Ampa, soit 74 %, environ 22 % présentaient des concentrations dépassant 1 μg/L. « Ces résultats soulignent que l'utilisation actuelle d'herbicides à base de glyphosate conduit à une exposition généralisée et inévitable à cette substance dangereuse, estime Gergely Simon, responsable chimique principal chez PAN Europe. Une interdiction européenne est urgente pour protéger la qualité de nos eaux et de nos écosystèmes ».
Cette initiative intervient alors que la procédure de renouvellement de l'autorisation du glyphosate est en cours. « Selon une fuite, les premières discussions devraient avoir lieu autour du 15 septembre, pour une date de vote des États membres début octobre », a indiqué l'association Foodwatch. Le réseau appelle également à l'inclusion de toutes les études de la littérature scientifique dans l'évaluation de la toxicité du glyphosate et la fixation d'une norme dans les eaux de surface pour le glyphosate et l'Ampa au même niveau que l'eau potable (soit 0,1 μg/L à la place du 0,5 μg/L actuel). « Nous demandons également l'adoption de la proposition de la Commission relative au règlement sur l'utilisation durable des produits phytopharmaceutiques, fixant des objectifs juridiquement contraignants visant à réduire de moitié l'utilisation et les risques liés aux pesticides chimiques d'ici à 2030, et à interdire l'utilisation de tous les pesticides chimiques dans les zones sensibles utilisées par le grand public et d'intérêt écologique », indique l'association française Générations futures, membre du réseau.