Plus de 60% de la population française est concentrée dans les pôles urbains (zones où existent une continuité du bâti et plus de 5000 emplois), qui n'occupent que 8% du territoire. Les zones d'influence de ces pôles se sont notablement accrues, puisque la surface des communes dites périurbaines a augmenté de 50% entre 1990 et 1999. Ces espaces conservent toutefois une densité limitée (66 hab/km2 en moyenne, contre 812 hab/km2 dans les pôles urbains et 33 hab/km2 en zones rurales).
Des inconvénients de la ville à la campagne …
Cette extension de l'urbanisme d'habitation autour des grandes villes, témoin de l'aspiration des Français à un cadre de vie meilleur - travailler à la ville et vivre à la campagne - présente des inconvénients en termes d'environnement. Plus dépendant de sa voiture, un résident du périurbain émet deux à trois fois plus de CO2 qu'un habitant du centre-ville. On évoque également un éventuel surcoût des équipements publics dans l'habitat peu dense, ainsi qu'une fragmentation des liens sociaux. Enfin, l'extension de l'habitat peut conduire à une imperméabilisation de sols de grande valeur agronomique et augmenter les risques d'inondations.
… aux avantages de la campagne à la ville
Ce sont surtout dans ces secteurs agglomérés que l'agriculture a un rôle important à jouer, au-delà de sa fonction productive. Les terres agricoles proches des grandes villes permettent de limiter l'éparpillement urbain, d'occuper et d'entretenir des espaces soumis à des risques naturels, tout en fournissant un cadre de vie agréable. Ce sont dans ces zones que sont concentrées de petites exploitations, maraîchères et horticoles, créatrices d'emplois : une exploitation horticole emploie en moyenne plus de 4 unités travail année (UTA), alors que l'élevage bovin occupe 1,5 UTA et les grandes cultures 1,3.
Si la ville à la campagne s'étend, la campagne à la ville se rétrécit.
Peu subventionnées, ces petites exploitations régressent avec l'augmentation des prix du foncier liée à l'étalement urbain. Hormis en Haute-Normandie, où elles se développent légèrement, les surfaces occupées par les exploitations de maraîchage et d'horticulture dans les agglomérations ont diminué de plus de 30% entre 1990 et 1999 dans toutes les régions françaises. Ce sont parfois les grandes cultures qui les remplacent temporairement, dans l'attente de la vente des terrains pour la construction.
Certaines collectivités développent avec des groupements d'agriculteurs des projets agri-urbains, de façon à mieux concilier les besoins des citadins et les exigences liées aux activités agricoles… Des initiatives qui pourraient, si elles se développaient, éviter la disparition de cette agriculture qui, tout en apportant sa valeur ajoutée sur le plan économique, contribue à préserver des coupures vertes, pour une meilleure qualité de vie des habitants.
Article publié le 11 avril 2003