Nelly Olin souhaite aussi que le Gouvernement soit « exemplaire dans l'application du protocole de Kyoto » et que « l'ensemble des ministères s'engage dans une politique volontariste en matière d'écologie et de développement durable ».
Elle demande aux citoyens de « s'engager pour le réchauffement climatique, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la réduction de la production de déchets, la collecte sélective et le tri, la préservation de la biodiversité, la qualité de l'eau, la protection du littoral, le développement de modes de transports alternatifs, le bruit... ».
Elle a estimé jeudi que la situation hydrologique qui sévit actuellement en France est préoccupante mais tournerait à la catastrophe si elle était doublée d'une véritable canicule. Elle a rappelé que sur la façade atlantique et en Provence-Alpes-Côte d'Azur, la situation était plus sévère qu'en 1976 avec 25 à 50% de pluviométrie en moins.
Elle a lancé à nouveau un appel à une gestion économe de l'eau comme l'avait fait en mars dernier son prédécesseur, Serge Lepeltier et a rappelé que les préfets avaient pris des arrêtés limitant les usages de l'eau dans 28 départements et restreignant notamment l'irrigation. La ministre a annoncé par ailleurs son intention de faire voter début 2006 par le Parlement le projet de loi sur l'eau de M. Lepeltier.
Elle a aussi fait remarquer que la France avait des progrès à faire au niveau communautaire. La France a accumulé un retard considérable dans la transposition des directives environnement, a t'elle confié. Je prends ce problème très au sérieux.
Elle a ainsi annoncé que la France transposerait dans les tout prochains jours les directives européennes. L'objectif du ministère étant d'atteindre « Zéro retard » dans les transpositions d'ici la fin de l'année.
La ministre a par ailleurs rappelé que la production de déchets était en constante augmentation et a souhaité que sur le modèle de la campagne de sensibilisation « Faisons vite ça chauffe », une campagne de sensibilisation à la réduction de la production des déchets soit lancée dès l'automne. Son autre objectif en ce qui concerne les déchets étant de faire respecter l'échéance du 28 décembre 2005 pour la mise aux normes des incinérateurs.
À ce sujet, plusieurs personnalités* lancent une pétition nationale « Appel pour un avenir sans incinérateurs » en demandant aux autorités françaises d'interdire la réalisation de tout nouveau projet d'incinérateur de déchets ménagers et à organiser l'arrêt progressif de ceux qui sont encore en fonctionnement.
Ils demandent que soient mises en œuvre les réformes législatives et réglementaires incluant notamment la réduction des emballages à la source, la mise en place d'une éco-économie génératrice d'emplois, la valorisation matière des produits fermentescibles et des boues, par compostage ou méthanisation, un alignement du mode de facturation du service de collecte et de traitement des ordures ménagères, sur le mode de rétribution en vigueur pour les services de l'eau, du gaz et de l'électricité et l'Introduction de règles d'urbanisme prenant en compte les contraintes d'espace liées au tri, à la collecte sélective, ainsi que la mise en place de plate-forme de déballage et de récupération dans tout projet de bâtiment commercial de plus de 300 m2 de surface de vente.
D'ici la fin de l'année, plusieurs mesures seront mises en place dans le domaine des transports : l'étiquette énergie qui sera apposée sur les véhicules des particuliers à la vente, l'épreuve de « conduite apaisée » qui deviendra obligatoire dans l'examen du permis de conduire.
La Ministre a aussi rappelé que la France et l'Allemagne souhaitait l'adoption rapide de normes européennes qui conduisent à généraliser le filtre à particule pour les véhicules diesel.
Par ailleurs, fin octobre, au niveau national, un grand « rendez-vous du climat » devrait être organisé par le ministère pour faire le point de l'avancée des actions du Plan Climat, avec l'ensemble des acteurs du bâtiment économe, des transports propres, de l'industrie et de l'énergie.
En ce qui concerne la recherche, la nouvelle ministre a indiqué que l'Agence pour l'innovation industrielle, lancée par le Président de la République, verra le jour dans les toutes prochaines semaines et serait dotée d'1 milliard d'euros, lui permettant notamment de financer des projets dans le domaine de l'énergie solaire, des biotechnologies et des biocarburants.
Nelly Olin a conclu son discours en soulignant que l'écologie et le développement durable représentait un formidable vivier d'emplois. Les filières de l'écologie et du développement durable doivent donc être valorisées pour inciter les jeunes à s'y engager, a t'elle dit. Toutefois, il est clair que le problème ne provient pas véritablement d'un déficit de motivation mais plutôt d'un manque d'intérêt encore prononcé de la part des industries et services. C'est ainsi que la Ministre accorde finalement que plus les entreprises et les industries mettront en oeuvre leur responsabilité sociale et environnementale, plus le développement durable et l'écologie seront générateurs d'emplois.
Elle devrait travailler en lien avec Jean-Louis BORLOO, dans le cadre des orientations fixées par le Premier ministre, pour étudier les possibilités de développer l'emploi dans le secteur de l'environnement.
*Corinne LEPAGE ancien Ministre, présidente de CAP 21, Dany DIETMANN, Professeur de Sciences de la Vie de la Terre, Maire de Manspach 68, Dominique BELPOMME, Cancérologue, Président de l'ARTAC, Jean-Marie PELT, Professeur, Président de l'Institut Européen d'Ecologie, Michèle RIVASI, ancienne Députée, cofondatrice d'Ovale, Maurice SARAZIN, ingénieur en ensembles industriels, Gilles-Eric SERALINI, Professeur de biologie moléculaire, Président du Comité Scientifique du Crii-gen, François VEILLERETTE, Président du MDRGF, Jean REYNAUD, Docteur en géographie/rudologie lancent une pétition nationale « APPEL POUR UN AVENIR SANS INCINERATEURS » en demandant à l'Etat de changer radicalement de stratégie en matière de gestion des déchets.