- Les biocarburants issus des plantes oléagineuses (contenant de l'huile) comme le colza ou le tournesol : les huiles brutes obtenues par pressage des graines et les esters méthyliques d'huile végétale (EMHV) appelés aussi Diester, issus de la transformation chimique de ces huiles.
- Les biocarburants obtenus à partir d'alcool produit avec des plantes contenant du sucre (betterave, canne à sucre) ou de l'amidon (blé par exemple) : le bioéthanol ou son dérivé l'ETBE (éther).
- Les biocarburants produits par fermentation sans oxygène de toute matière organique (déchets alimentaires, déchets végétaux, culture…) : ce biogaz (méthane) peut s'utiliser directement une fois purifié, comme le gaz naturel véhicule (GNV).
En France, seules, l'ETBE et les EMHV sont utilisés dans tous les véhicules puisqu'ils sont incorporés à hauteur de 0,8 % dans les carburants issus du pétrole.
Dans un climat marqué par l'envolée du prix du pétrole, le Premier ministre a annoncé, le 1er septembre dernier plusieurs décisions concernant les économies d'énergie. L'une d'entre elles concerne les biocarburants : l'objectif consiste désormais à atteindre 5,75 % en 2008, 7 % en 2010 et 10 % en 2015, soit une anticipation de deux ans pour la première de ces échéances.
Un appel d'offres de 1.800.000 tonnes de biocarburants sera lancé avant la fin de cette année : soit un doublement du volume de biocarburants par rapport à l'appel d'offres initialement prévu, a indiqué le Premier ministre lors d'une allocution le 13 septembre dernier au Salon des productions animales Carrefour européen (SPACE).
En 2008, la production de biocarburant sera multipliée par six par rapport à son niveau actuel, a déclaré le ministre de l'Agriculture, à Bordeaux, au 56e congrès annuel de l'Association générale des Producteurs de maïs (AGPM). Pour le Premier ministre Dominique de Villepin, cela représenterait au moins trois millions d'hectares cultivés à l'horizon 2010 et huit usines nouvelles qui représentent chacune un investissement de l'ordre de 100 millions d'euros.
D'autres soutiens seront mis en œuvre comme l'agrément fiscal de capacités de production existantes et nouvelles et l'optimisation du dispositif fiscal de soutien au développement des biocarburants à la suite des travaux de la mission d'expertise interministérielle. Pour sécuriser la filière et pérenniser les contrats d'approvisionnement qui seront signés entre les agriculteurs et les usines, l'état s'engage sur des révisions de la fiscalité, a indiqué le Premier ministre.
Tout en tenant compte de l'évolution du prix du pétrole et des gains de productivité, nous devons conserver un avantage incitatif à la filière biocarburants et garantir la continuité des investissements dans ce domaine, a t'il ajouté.
Mais à l'heure actuelle, leur production coûte cher : selon Michèle Pappalardo, présidente de l'ADEME, certains biocarburants comme le diester seraient ''compétitifs'' à 65 dollars le baril.
Les biocarburants ont des atouts : ce sont des énergies renouvelables qui contribuent à diminuer certains impacts globaux, comme l'effet de serre et ils représentent un élément de réponse à l'augmentation du coût des carburants et à la baisse des réserves pétrolières. C'est aussi des perspectives qui s'ouvrent à l'agriculture française sur des terres aujourd'hui en friche ou qui peinent à trouver des débouchés pour leur production, a souligné le Ministre.
Mais pour certains, ils peuvent avoir un impact négatif sur l'environnement car les biocarburants sont généralement issus de cultures intensives, consommatrices d'engrais et de pesticides.
Selon une étude anglo-américaine réalisée par les universités de Cornell et Berkeley, et publiée par Nature Ressources Research, le processus de fabrication de l'éthanol à partir de maïs nécessite 29 % d'énergie de plus que celle que l'éthanol libère comme carburant...
En 2003, l'Allemagne est devenue le principal fabricant européen de biocarburant, mais l'Europe (10% du marché mondial) reste très en retard par rapport aux leaders que sont le Brésil (43%) ou les Etats-Unis (34%). Le Brésil produit déjà 10 millions de tonnes de biocarburants et les Etats-Unis 8 millions, alors que la France produit actuellement 500.000 tonnes de biodiesel et 200.000 tonnes de bioéthanol.
Pour, l'Association Générale des Producteurs de Blé (AGPB) citée par l'agence Reuters, cet objectif ne pourra être atteint que si l'on permet l'incorporation directe des biocarburants dans les carburants, comme cela est le cas aux Etats-Unis et au Brésil. Or, l'huile brute n'est actuellement pas autorisée en droit français pour être utilisée comme carburant. L'utilisation d'huile en mélange ou en substitution du gazole routier est en effet interdite. Un projet de loi d'orientation agricole qui va être soumis au Parlement prévoit la possibilité d'utiliser les huiles végétales brutes en autoconsommation comme carburant agricole dans les exploitations sur lesquelles elle aura été produite, à titre expérimental jusqu'au 31 décembre 2007. Ces autorisations étaient jusque-là distribuées au compte-gouttes par les DRIRE.
Sur 2 millions de tep [Tonne équivalent pétrole] consommées chaque année par les engins agricoles, environ 400 000 tep pourraient être substituées par des huiles brutes, selon l'ADEME.