Ainsi, dans le cadre de ce programme, une équipe scientifique, composée notamment de chercheurs CNRS-INSU, travaillera pendant six semaines à la reconstitution géologique d'un récif corallien autour de Tahiti.
Destiné à étudier les variations globales du niveau des mers, depuis le dernier maximum glaciaire (il y a environ 23 000 ans), les scientifiques échantillonneront les coraux fossiles de la barrière de corail pour connaître les variations de l'environnement enregistrées dans leurs squelettes. Seule la partie morte du récif sera analysée.
L'objectif sera de reconstituer les variations de la température de l'eau et observer des événements de type El Nino (oscillation sud-atlantique) par exemple, en recueillant le maximum d'informations sur les fluctuations et la vitesse des variations globales du niveau des mers dans le passé.
Située dans une zone tectoniquement stable, Tahiti est particulièrement propice pour ce type d'investigations, explique le CNRS. Sensibles aux changements environnementaux, naturels comme anthropiques, les coraux sont d'excellents enregistreurs des changements passés du niveau des mers et du climat.
Grâce aux méthodes radiométriques, les coraux pourront être datés avec une précision de l'ordre de 50 ans suffisamment fine pour reconstituer en détail les variations passées du niveau de la mer.
Commentant cet événement, le co-chef de mission japonais de l'Université de Tohoku, Yasufumi Iryu se dit très excités à l'idée d'être capables de comprendre, pour la première fois, ces changements passés de l'environnement avec une telle finesse. Selon Gilbert Camoin, chercheur du CNRS au Centre européen de recherche et d'enseignement de géosciences de l'environnement (CEREGE), comprendre la vitesse avec laquelle le niveau de la mer et l'environnement ont varié est vital pour comprendre les effets actuels de l'activité humaine sur l'environnement terrestre.
A la fin de la campagne, les carottes de corail fossile seront transportées par bateau jusqu'en Allemagne et à la mi-février, les scientifiques de l'expédition devraient analyser en détail les coraux fossiles et les roches récifales associées.
Les chercheurs espèrent apporter des éléments nouveaux qui leur permettront de mieux appréhender comment le réchauffement climatique global actuel pourra affecter le niveau de la mer au présent et dans l'avenir.
Financé par la National Science Foundation américaine et le Ministère japonais de l'éducation, de la culture, des sports, de la Science et de la Technologie avec le concours d'ECORD (membre contributeur) et du Ministère chinois de la science et de la technologie, le coût total des dix premières années du programme est évalué à 1,5 milliards de dollars.