Le premier Directeur Général Adjoint du centre spatial Khrounitchev, M. Iouri Bakhvalov a confirmé, au nom de la Commission d'Etat russe, l'échec du lancement du satellite CryoSat à la suite d'une anomalie dans la séquence de lancement.
Dans un communiqué, l'Agence Spatiale Européenne indique que l'ensemble formé par les deux étages* et le satellite CryoSat est retombé dans la zone prévue pour une telle éventualité, à savoir en pleine mer, au nord du Groenland (près du pôle Nord), donc sans affecter les populations locales.
Développée et construit par EADS Astrium pour le compte de l'ESA dans le cadre du programme d'observation de la Terre, la mission Cryosat, qui a coûté quelque 140 millions d'euros, devait observer la cryosphère et de ce fait étudier les variations des glaces polaires. En effet, comme les océans, les glaciers et la banquise doivent être surveillés car ils jouent un rôle déterminant dans les processus climatiques.
Le satellite devait faire le tour de la Terre en suivant une orbite polaire de 720 km d'altitude. D'une durée de trois ans, cette mission était entièrement destinée à l'étude des variations d'épaisseur et hauteur de la banquise et des calottes glacières à l'aide notamment de l'instrument Doris (Détermination d'orbite et de radiopositionnement intégrés par satellite) fourni par le Cnes (Centre national d'études spatiales). Actuellement, les mesures de l'épaisseur de la glace sont réalisées par des méthodes (forages, hélicoptère, aux sous-marins) qui ne permettent de fournir que des données locales.
En fournissant des données beaucoup plus globales, l'objectif de cette mission était de mieux comprendre les interactions complexes qui s'opèrent entre océan, cryosphère et atmosphère, en particulier les transferts de chaleur des mouvements océaniques. Les mesures devaient aussi permettre d'anticiper la fonte des glaciers dans la problématique du réchauffement climatique.
Les autorités russes ont mis sur pied une commission d'enquête qui a été chargée d'analyser plus en détail les causes de cet échec et qui devrait communiquer ses résultats dans les semaines à venir, a annoncé l'Esa dans ce communiqué.
Cette commission travaillera en étroite collaboration avec une autre commission d'enquête composée de représentants de l'ESA, de représentants d'Eurockot** (filiale d'EADS), la société propriétaire de la fusée Rockot qui devait placer CryoSat sur orbite, et de représentants du centre spatial russe Khrounitchev, a ajouté l'ESA.
L'échec du lancement de ce satellite va priver la communauté scientifique d'un instrument essentiel pour l'observation des glaces polaires, victimes du réchauffement climatique et plus largement pour l'étude de l'environnement de la planète. Selon les experts de l'IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change), la température moyenne de la surface de la Terre a augmenté de 0,6°C au cours du XXe siècle et les modèles actuellement disponibles prévoient un réchauffement entre 1,4°C et 5,8°C pour les cent prochaines années.
*L'analyse préliminaire des données de télémesure montre que le premier étage a fonctionné normalement. Le deuxième étage s'est comporté de manière nominale jusqu'au moment où le moteur principal devait s'éteindre. L'une des commandes que devait envoyer le système de pilotage embarqué ayant fait défaut, le moteur principal a continué à fonctionner jusqu'à épuisement de ses ergols. La séparation entre les deuxième et troisième étage n'a donc pas eu lieu (source ESA).
**La société Eurockot, basée à Brême en Allemagne, est détenue à 51% par EADS Space Transportation (filiale, spécialisée dans les lanceurs et les infrastructures orbitales, du groupe européen d'aéronautique et de défense EADS) et à 49% par le centre spatial russe de Khrounitchev.