Les récentes recherches médicales montrent qu'une exposition à long terme, même à des niveaux très bas de concentration d'Arsenic, peut provoquer des cancers et des effets nocifs sur la santé de l'homme. L'Arsenic présent dans l'eau de boisson est à l'origine de cancers de la peau, du poumon, de la vessie et du rein ainsi que d'autres changements cutanés tels que des modifications de pigmentation et/ou un épaississement de la peau.
Il n'existe pas de traitement contre l'empoisonnement par l'Arsenic et la principale mesure correctrice consiste à éviter l'exposition en fournissant de l'eau de boisson sûre. C'est dans ce contexte que l'institut UNESCO-IHE* a mis au point un filtre à eau qui fixe cet élément. Le Directeur de l'équipe internationale qui a travaillé sur le projet durant ces 5 dernières années a expliqué que la technologie développée utilise le sable enrobé d'oxyde de fer comme matériau d'absorption de l'Arsenic. Mais produit en usine ce matériau coûte cher. En outre, quand sa capacité d'absorption est épuisée, il faut le remplacer et trouver des moyens de s'en débarrasser.
Pour palier à ce problème qui aurait pu nuire au développement du produit, l'équipe de l'Institut a choisi d'utiliser le sable enrobé d'oxyde de fer que l'on trouve dans les stations de traitement des eaux. Utilisé comme filtre pour l'élimination du fer lors de la fabrication de l'eau potable ce sable naturel doit être jeté après un certain nombre d'années. Nous avons trouvé, explique Branislav PETRUSEVSKI, directeur du projet à l'Institut UNESCO-IHE, que ce sable qui s'est enrobé d'oxyde de fer au fil du temps, était un excellent absorbant de l'arsenic dans l'eau. Comme il est gratuit, le coût de la technologie basée sur lui reste modique.
Il existe un modèle de filtre familial destiné aux usages domestiques des populations et un modèle industriel destiné aux compagnies et aux distributeurs d'eau.
Le filtre familial fonctionne sans électricité et peut être fabriqué localement. Il permet d'éliminer l'Arsenic de 100 litres d'eau par jour, subvenant ainsi aux besoins domestiques quotidiens de 20 personnes. Depuis février 2004, quatorze filtres de ce type sont testés dans des zones rurales du Bangladesh où la concentration en Arsenic dans l'eau des puits atteint 0,5mg/litre. Après plus d'un an et demi d'utilisation quotidienne, douze d'entre eux continuent d'éliminer l'Arsenic, sans qu'il y ait eu besoin de changer ou régénérer le sable. Dans une deuxième phase, le projet prévoit de tester 1000 autres filtres au Bangladesh.
Le modèle industriel du filtre est quant à lui actuellement testé en Grèce et en Hongrie. Le Directeur du projet a notamment précisé que ce système est simple et d'un coût très bas, comparable à celui du traitement conventionnel des eaux.
L'équipe a parallèlement développé une procédure de régénération du sable usé peu onéreuse en précisant que cette procédure est particulièrement importante pour les applications industrielles mais n'a pas donné plus de détails.
Présentant les activités de l'Institut UNESCO-IHE et du Programme hydrologique international de l'UNESCO, leurs directeurs respectifs, Richard A. MEGANCK et Andras SZOLLOSI-NAGY ont lancé un appel aux donateurs pour soutenir la production du filtre à grande échelle.
*L'Institut UNESCO-IHE (Delft, Pays-Bas) offre des programmes de formation et de recherche post-universitaires dans les domaines de l'eau et de l'environnement, destinés à des professionnels provenant des pays en voie de développement.