En effet, les précipitations de l'automne 2005 sont jugées insuffisantes pour recharger les nappes phréatiques. Le déficit de pluviométrie estimé entre 30 et 50% sur une large partie du territoire se cumule à celui de l'année précédente. Les pluies brutales ne contribuent pas à la recharge des nappes car elle ont tendance à ruisseler et ne s'infiltrent pas. Quant aux précipitations neigeuses, leur efficacité est limitée : 10cm de neige équivalent seulement à 1cm de pluie. Entre le 1er septembre et le 30 novembre, les pluies efficaces ont été inférieures à la moyenne calculée depuis 1946 sur la quasi-totalité du territoire. Mis à par le Languedoc-Roussillon, une majorité de départements n'ont reçu que 30% ou moins des précipitations habituelles pour cette période de l'année. Dans le Poitou-Charentes, déjà très affecté par la sécheresse l'an dernier, le déficit pluviométrique est supérieur à celui de la célèbre année 1976. Le cours actuel de la Charente ne dépasse pas son niveau estival. Ailleurs, d'autres cours d'eau présentent une baisse de 20% à 70% de leur débit normal. Ainsi, s'il ne tombe pas une pluie abondante et régulière dans les trois mois qui viennent, la situation risque d'être plus difficile que l'année dernière. Les mesures de restrictions pourraient même aboutir à des coupures d'eau.
À la demande de la Ministre les préfets doivent réunir les Comités sécheresse d'ici fin janvier afin de faire le point sur la situation. Le Comité national sécheresse sera quant à lui réuni début février. En s'y prenant dès le début de l'année, la ministre souhaite mobiliser tous les acteurs et notamment les agriculteurs : il est important que les agriculteurs tiennent compte de la situation actuelle dans le choix des cultures qui seront implantées au printemps. C'est aujourd'hui au moment de l'achat de semences qu'il faut anticiper, a-t-elle expliqué.
Outre les agriculteurs, les golfs sont également concernés. C'est pourquoi, dès le 2 février prochain, la fédération des golfs signera une charte de bonnes pratiques avec le Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable dans laquelle elle s'engage à diminuer les consommations d'eau de 30% en trois ans.
Le MEDD a également prévu de lancer au printemps prochain une action de sensibilisation du grand public sur les économies d'eau sur le même schéma que les campagnes pour les économies d'énergie et la réduction du volume de déchets.
La sécheresse de l'année dernière avait provoqué la mise en place de restriction d'eau dans plus de 70 départements. L'efficacité de ces mesures est en cours d'analyse par une mission d'inspection qui prévoit de rendre ses résultats publics dans quelques semaines. Plusieurs mesures ont été prises également à moyen terme à travers le Plan de gestion de la rareté de l'eau présenté en octobre dernier. Donner priorité à l'eau potable, mieux partager l'eau entre les différents usages et favoriser une meilleure valorisation de l'eau tels sont les trois objectifs de ce plan. Au total ce sont plus de 26 mesures législatives, réglementaires, incitatives, d'études et de communications qui doivent être détaillées et proposées dans le projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques. D'ailleurs ce projet de loi sur l'eau peine à voir le jour. Le Comité National de l'eau a donc voté une motion demandant l'adoption rapide de cette loi par le Parlement et estime qu'elle devrait être publiée avant l'été 2006.
Ce projet de loi fait partie des nombreux chantiers prévus en 2006 dans le domaine de l'eau comme la mise en œuvre de la Directive cadre sur l'eau, la préparation des 9ème programmes financiers des agences de l'eau pour les quatre prochaines années ou encore la lutte contre les inondations. Nelly Olin a d'ailleurs précisé qu'elle souhaitait que ces 9ème programmes des agences de l'eau soient orientés vers le respect des engagements communautaires. Il s'agit notamment de répondre aux contentieux en cours avec la Commission européenne. Même si deux d'entre eux ont été récemment classés, quatre sont encore en cours dans ce domaine.