S'appuyant sur une totale communauté d'esprit, l'architecte et Cardonnel Ingénierie ont rapidement mis au point les fondements du projet, l'orientation du bâtiment, le choix des matériaux et des équipements. Côté gros-œuvre, le Monomur Terre cuite s'est vite imposé. Pour Christian Cardonnel, ce matériau dispose d'un remarquable pouvoir isolant du fait de sa conception alvéolaire et des qualités naturelles de la terre cuite. Sur ce chantier, la résistance thermique des parois atteint ainsi un R = 2.61 m2.K/W, sans isolant complémentaire. Par rapport à un système d'isolation par l'intérieur, la brique Monomur permet aussi de diviser par 4 la déperdition de chaleur au niveau des ponts thermiques mur/plancher !
Autre caractéristique majeure : l'inertie du matériau. Sa capacité à accumuler de la chaleur le jour pour la restituer la nuit, en fait un excellent régulateur thermique. D'où une puissance de chauffage sans à-coups et donc plus faible, un confort intérieur et des économies d'énergie. S'ajoutent la bonne qualité de l'air intérieur grâce à l'absence d'humidité, de problèmes de condensation tant en surface qu'au cœur du mur, et la non-prolifération des micro-organismes. Enfin, la technique de pose collée à joint mince (1 mm d'épaisseur contre 1 cm de mortier en pose traditionnelle) du Monomur joue en faveur de la démarche HQE® (productivité accrue, réduction de la consommation d'eau évaluée à 98 % et de mortier) et du chantier propre, à faible nuisance.
À ces performances du Monomur, se conjuguent celles du plancher bas sur chape flottante et vide sanitaire (Rth = 2,00 m2.K/W), des menuiseries en PVC recyclable équipées de double-vitrages peu émissifs (4-16-4) et de la toiture confortée par la laine de verre (R= 6 m2.K/W). Soit un bâtiment à inertie thermique très forte (U bât de 0,45 W/m2.K) et un gain de 30 % par rapport à la RT 2000. Notons que le vide sanitaire (0,60 m entre la dalle et le sol) assure une meilleure isolation de la dalle, tout en la protégeant contre les remontées d'humidité, en réduisant les besoins énergétiques et en renforçant le confort. D'où aussi un passage simplifié des canalisations, une réduction du temps de pose, et sur le long terme, un bâtiment préservé des inondations, des problèmes de tassement des sols puis de fissurations des carrelages et cloisons, courantes dans le cas d'un terre-plein.
S'agissant de la gestion des apports solaires, le bâtiment possède un débord de toiture et son orientation a été pensée afin de profiter au maximum de l'énergie solaire passive. Ainsi, 60 % des baies vitrées sont situées au Sud, et équipées de stores extérieurs et intérieurs pour éviter les apports solaires massifs d'été. Servis par un éclairage basse consommation avec tubes T5 et gradateurs électroniques, ces choix génèrent une diminution des puissances d'éclairage et un gain de 30 % sur la référence RT 2000. Par ailleurs, la production d'eau chaude sanitaire (ECS) est assurée par un vitrage solaire/capteur semi-transparent de 6 m2 intégré en façade. Tandis que 8 m2 de capteurs photovoltaïques assureront par la suite une part de la production de l'énergie électrique. D'une manière plus globale, la conception bioclimatique du bâtiment permet d'atteindre une consommation inférieure à 45 % à la consommation de référence de la RT 2000.
En matière de ventilation, le bâtiment est équipé d'un système double flux modulé en fonction de l'occupation et des usages. Afin d'éviter les entrées d'air directes, l'air neuf sera préchauffé par l'espace tampon que constitue l'Atrium orienté au Sud. Enfin, un gros lanterneau permet d'évacuer la chaleur. Ce parti vise une consommation des auxiliaires de ventilation égale à P < 0,20 W/m3/h d'air transféré, moyennant une perméabilité soignée de Q4Pa < 0,6 m3/h/m2. Soit un objectif global équivalant à un gain de 60 % sur la référence RT 2000.
Une chaudière gaz à condensation 40 kW à puissance modulée et un système reposant sur un concept thermogène avec pompe à chaleur eau/eau sur boucles de récupération de chaleur, assureront le chauffage du bâtiment. La distribution hydrocablée (PER et cuivre) s'effectue par le plancher chauffant basse température et des émetteurs de chaleur douce (delta (t) = 30). L'ensemble est géré et régulé avec un correctif d'ambiance et une programmation d'utilisation.
Largement conforme à la RT 2005, le bâtiment présage également une consommation d'énergie de moins de 100 kWh ep/m2 et un rejet de moins de 10 kg de CO2/m2. Et ce, pour un investissement global de 600 000 euros, soit un coût du m2 de l'ordre de 1000 euros ! Nous avons essayé d'optimiser le projet pour qu'il soit le plus simple possible, précise Christian Cardonnel. Mais ce travail qui aboutit à la réalisation d'une construction performante en termes énergétiques, doit s'accompagner d'une évolution du comportement des occupants pour perdurer !. Enjeu ? Une meilleure productivité liée au confort de travail des collaborateurs et des retours sur investissement plus rapides ! L'inauguration est prévue en juin prochain.
*Pionnier dans la conception de bâtiments bioclimatiques et économes en ressources, Bruno Boschetti a remporté plusieurs concours et appels d'idées ministériels, dont les projets : 5000 Maisons Solaires 2ème phase en 1981 et Maison solaires, Maisons d'aujourd'hui, primés en 1988 et 1989, La maison dans les arbres, mention haute Qualité Environnementale dans le cadre du concours Habitat Solaire, Habitat d'aujourd'hui (2000), etc. Depuis 1978, l'architecte compte à son actif, quelque 200 maisons et logements réalisés dans cette logique.