Fruit d'un travail réalisé par une quarantaine d'organismes et soutenus par plus de 200 structures venant d'horizons différents : métiers du paysage, organismes de préservation du patrimoine, acteurs de l'agriculture et de la gestion de l'espace et Collectivités territoriales, ce manifeste lance un cri d'alarme face aux mutations brutales et non maîtrisées des paysages et au gaspillage de notre consommation de l'espace.
Ils dénoncent l'absence de projets coordonnés concernant les paysages, une surenchère des propositions d'aménagement sans lien entre elles et l'irruption d'infrastructures hors d'échelle ou mal positionnées.
Pour les signataires du manifeste, l'étalement urbain s'accompagne le plus souvent d'une consommation déraisonnable du capital foncier qui constitue pourtant une ressource non renouvelable avec un doublement des surfaces urbanisées depuis 1945 et une augmentation de 17% des surfaces artificialisées ces dix dernières années alors que la population ne s'est accrue que de seulement 4%.
Indiquant que ce mode de développement n'est pas durable car il repose sur un renchérissement du coût des sols, une surconsommation d'énergie, une perte irréversible et un mitage des terres agricoles et des espaces naturels, une dégradation de l'environnement, les auteurs estiment qu'il entraîne un accroissement des charges d'aménagement pour la collectivité. Ces modèles d'aménagement conduisent à une banalisation des territoires, créant de nouveaux espaces sans repères, ni qualités propres.
Le manifeste souhaite ainsi placer le paysage, la maîtrise foncière, la qualité des interventions sur l'espace au cœur des projets d'aménagement à tous les niveaux territoriaux.
Ce texte ne réclame pas de mesure nouvelle. Nous avons un arsenal important allant des lois de 1906 sur le patrimoine à celle de 1993 sur le Paysage, explique André Thevonot, Président de la FNSafer. Ce qu'il faut, c'est l'utiliser à bon escient dans le cadre de projets de territoire mobilisant l'ensemble des acteurs d'un territoire pour le valoriser sur le long terme, ajoute t'il.
Le manifeste souhaite mettre en commun les différentes actions entreprises afin d'organiser en février 2007 les états généraux du paysage qui devraient se tenir au Palais d'Iéna sous l'égide du Conseil économique et social.
Le secteur du paysage est d'ailleurs un secteur économique important puisque les entreprises du paysage créent chaque année plus de 4 000 emplois en solde net et le nombre d'entreprises du secteur a progressé de 9 % sur les trois dernières années, selon l'Union Nationale des Entrepreneurs du Paysage (UNEP).
Comptant aujourd'hui 13 200 entreprises employant plus de 65 000 personnes, dont 80 % en CDI, ce secteur montre un bon dynamisme : 40 % des entreprises du secteur ont été créées ces dix dernières années, et elles investissent chaque année plus de 6 % de leur chiffre d'affaires.