Pour le CO2, en moyenne mondiale, le rapport de mélange du CO2 s'élevait à 377,1 parties par million (ppm), une valeur dépassant de 35 %, celles de l'époque pré-industrielle, la hausse se chiffrant à 19 ppm, imputable en grande partie aux émissions qui résultent de la combustion des combustibles fossiles (environ 7 Gt de carbone par année à l'heure actuelle) et, dans une moindre mesure, par la déforestation (0,6 à 2,5 Gt de carbone par année). Les niveaux de dioxyde de carbone, de loin le gaz à effet de serre le plus abondant que contienne l'atmosphère, continuent de s'accroître régulièrement et ne semblent pas vouloir se stabiliser, a souligné le Secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud. En 2004, les valeurs de ce gaz à effet de serre ont augmenté de 1,8 ppm, soit de 0,47 % par rapport à l'année précédente. La durée de vie dans l'atmosphère est de l'ordre d'un siècle.
L'OMM a constaté qu'avec une teneur moyenne mondiale en CH4 de 1783 ppb (parties par billion ou parties par milliard) dans l'atmosphère en 2004, le méthane s'était en revanche stabilisé. Le rythme de progression de ce gaz, plus puissant gaz à effet de serre que le CO2 et qui joue également un rôle indirect sur le climat dans la mesure où il influe sur l'ozone troposphérique et la vapeur d'eau stratosphérique, s'est abaissé à moins de 5 ppb par an depuis 1999 alors qu'il atteignait 13 ppb/an durant la fin des années 80. Rappelons qu'avant l'ère industrielle, la teneur de l'atmosphère en méthane était d'environ 700 ppb.
Les activités humaines telles que l'exploitation des combustibles fossiles, la riziculture, la combustion de la biomasse, les mises en décharge et l'élevage de ruminants sont à l'origine d'environ des émissions de 60 % du CH4 atmosphérique, les 40 % restants étant imputables à des processus naturels tels ceux liés aux terres humides et aux termites. Il est éliminé de l'atmosphère par réaction avec le radical hydroxyle (OH) et sa durée de vie dans l'atmosphère est d'environ neuf ans.
Enfin, concernant le protoxyde d'azote (N2O), comptant également parmi les puissants gaz à effet de serre, sa concentration augmente régulièrement depuis 1988, souligne l'OMM. En 2004, le rapport de mélange du N2O était de 318,6 ppb en moyenne mondiale alors qu'il était de 270 ppb avant l'ère industrielle, la progression pour cette année étant de 0,8 ppb.
Les sources d'émission de ce gaz dans l'atmosphère sont naturelles (océans, sols, exploitation de combustibles, combustion de la biomasse, fertilisants, etc., ainsi que divers processus industriels), ou anthropiques puisque les activités humaines contribuent à hauteur d'un tiers des émissions totales. Le protoxyde d'azote est éliminé de l'atmosphère par les processus photochimiques intervenant dans la stratosphère.
Ce rapport est le premier d'une série de bulletins annuels sur les gaz à effet de serre qui seront publiés par l'OMM dans le cadre du programme de la Veille de l'atmosphère globale (VAG)* qui permet d'observer le milieu atmosphérique et notamment de mesurer le CO2, le CH4, le N2O qui contribuent à hauteur de 88% environ à l'augmentation du forçage radiatif de l'atmosphère causée par l'évolution des gaz à effet de serre persistants constatée depuis le début de l'ère industrielle.
Les informations résumées dans ce bulletin permettront d'améliorer les connaissances générales sur l'accumulation et les sources de gaz à effet de serre dans l'atmosphère terrestre et, à l'instar du Bulletin de l'OMM sur l'ozone, fourniront des données de plus en plus précises aux décideurs, qui seront ainsi en mesure de mettre en œuvre des politiques plus éclairées, a indiqué le Secrétaire général de l'OMM, M. Michel Jarraud.
Le Bulletin pour l'année 2005 sera publié en novembre, juste avant la douzième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
D'autres gaz persistants présents à l'état de traces dans l'atmosphère, notamment les chlorofluorocarbures (CFC) nocifs pour l'ozone, leurs substituts et des espèces carbonées et soufrées entièrement fluorées, sont eux aussi observés dans le cadre du réseau de la VAG de l'OMM. Considérée individuellement, la contribution de chacun de ces gaz est faible mais leur influence globale sur le forçage radiatif est significative, souligne l'organisation.
Alors que les CFC reculent lentement, l'hexafluorure de soufre (SF6) notamment progresse à un rythme rapide : le rapport de mélange de ce gaz dans l'atmosphère estimé à 5,4 ppt (parties par trillion) en 2004 a progressé ces dernières années au rythme annuel de 0,2 ppt environ, soit environ 4%.
* Les 44 pays Membres qui participent au programme d'observation effectuent des relevés précis qui sont ensuite archivés et distribués par le Centre mondial de données relatives aux gaz à effet de serre (CMDGS), hébergé par le Service météorologique japonais. L'OMM rédige le Bulletin en collaboration avec le CMDGS et le Groupe consultatif scientifique de la Veille de l'atmosphère globale (VAG) pour les gaz à effet de serre et avec le concours du Laboratoire de recherche sur le système terrestre relevant de l'Administration américaine pour les océans et l'atmosphère (NOAA).