En France, son utilisation en tant que carburant semble prendre de l'essor. En effet, dès 1990, la communauté urbaine de Lille (LMCU) a mis sur pied un projet visant à faire fonctionner des bus urbains avec un biogaz purifié produit à partir de boues fermentées provenant d'une station d'épuration (quatre sont déjà en circulation).* Aujourd'hui elle continue dans cette voie puisqu'elle a lancé le 23 mars dernier à Lille le projet BIOGASMAX (BioGAS as fuel vehicle MArket eXpansion to 2020 Air quality) pour participer à la réduction de la dépendance aux produits pétroliers et réduire les émissions de gaz à effet de serre et les rejets polluants, en montrant la fiabilité du biogaz-carburant.
Doté d'un budget de 20 millions d'euros dont les principaux financements jusqu'en 2009 proviennent de la Commission européenne (7,5 M EUR) et de la communauté urbaine de Lille (4 M EUR), le projet BIOGASMAX a pour objectif principal de démontrer que les villes peuvent produire du carburant de haute qualité à partir notamment du traitement des déchets organiques. Il s'agit de montrer que le biogaz carburant est viable et rentable techniquement pour inciter les villes d'Europe à prendre exemple sur les partenaires du projet. Grâce à la mise en place de ces projets de démonstration à grandes échelles, il permettra également d'optimiser les procédés industriels, d'expérimenter des technologies nouvelles ou proches de la mise sur le marché.
Il s'inscrit dans le cadre de l'objectif européen de remplacer 20% des carburants fossiles dans les transports par 8% de biocarburants, 10% de gaz naturel et 2% d'hydrogène d'ici 2020.
Lancé avec vingt-sept autres partenaires - collectivités locales, industriels, organismes de recherche - pour une durée de 4 ans dans le cadre du programme Biofuel Cities de la Commission Européenne, lancé en 2004, ce projet prévoit de mettre en service des bus qui rouleront au biogaz produit par le futur Centre de valorisation organique (CVO). Le futur CVO en construction à Sequedin sera capable de traiter à partir de 2007 environ 100 000 tonnes de biodéchets par an (déchets des marchés, des restaurants, des cuisines et des jardins). Le plus gros centre, actuellement en Allemagne, recueille 50 000 tonnes. La biométhanisation pratiquée au CVO permettra de récupérer le biogaz de fermentation pour le transformer en biogaz carburant. Dans un premier temps, le biogaz alimentera directement une flotte de 100 bus. En cas de succès, le biogaz pourrait alimenter les flottes automobiles des collectivités, des entreprises ou des sociétés de taxis.
Les principaux partenaires de la communauté urbaine de Lille dont la prochaine réunion aura lieu en Suède, en juin prochain, sont la région de Göteborg et la ville de Stockholm en Suède, les villes de Haarlem aux Pays-Bas, et Rome en Italie, toutes porteuses de projets pionniers dans le domaine du biogaz.
Göteborg et Stockholm ont prévu d'équiper l'autoroute E20 (500Km) qui les relie de stations-service au biogaz. Un second projet prévoit de relier Stockholm aux villes situées le long des autoroutes E18/E20 autour du lac Mâlaren.
La ville de Haarlem s'attachera notamment au développement d'un certificat vert pour le biogaz épuré (semblable à la certification de l'électricité générée à partir de sources renouvelables comme le solaire ou l'éolien). À l'issue de cette démonstration, un programme de certification applicable aux Pays bas et dans le reste de l'Europe sera mis en place.
* Opération soutenue dans le cadre du programme Thermie