Stéphane Lhomme est en effet soupçonné de détenir un document confidentiel défense sur le réseau nucléaire EDF. L'affaire est actuellement entre les mains de la section anti-terroriste du Parquet de Paris.
L'organisation écologiste qui regroupe plus de 700 associations avait notamment publié en septembre 2005 une lettre d'un responsable d'EDF faisant état de ce document confidentiel défense. Lors du débat public sur l'EPR qui s'est terminé début avril 2006, la CPDP (Commission nationale du débat public) avait censuré un passage de la contribution écrite du Réseau Sortir du nucléaire faisant état de ce document confidentiel défense, souligne le réseau.Les citoyens sont en droit de connaître la vérité sur le nucléaire et en particulier sur l'EPR, estime le réseau. Il demande à l'Etat de déclassifier le document Confidentiel défense sur l'EPR afin que la vérité soit faite sur ce réacteur.
Le 15 mai 2006, le Premier ministre Dominique de Villepin avait annoncé que l'enquête publique sur la construction par EDF du réacteur EPR serait lancée avant l'été. Pour le réseau, le gouvernement tente de rendre inéluctable la construction de l'EPR avant les prochaines élections présidentielles et législatives de 2007.
Les Verts par la voix de leur porte-parole, Cécile Duflot ont jugé le motif de sa garde-à-vue est à la fois invraisemblable et très significatif. Invraisemblable car le document classé dont il est question a été rendu largement public, et que c'est sa dissimulation qui est un scandale, indique les Verts dans un communiqué.Significatif car après une escroquerie de débat public sur l'EPR, le premier ministre vient de demander au préfet de précipiter l'ouverture de l'enquête publique alors même que l'on refuse aux citoyens la connaissance de l'intégralité des risques que l'on va leur faire courir, ajoute-t-il.
CAP 21, parti écologiste fondé par Corinne Lepage, a également exprimé sa plus vive indignation. Cette arrestation motivée par la détention et l'information au public de documents d'EDF relatifs aux problèmes de sécurité des installations nucléaires est totalement démesurée et parfaitement inadmissible alors que dans le même temps on organise au plus haut sommet de l'Etat la fuite de documents et la manipulation de l'information pour servir des luttes fratricides de pouvoir, souligne Eric Delhaye, porte-parole de CAP 21. À l'approche de l'enquête publique sur le projet de réacteur EPR dans des conditions peu propices à l'expression des citoyens, on peut s'interroger sur l'emploi de méthodes d'investigation qui relèvent de l'intimidation et du coup de force en direction des acteurs mobilisés contre l'EPR, ajoute-t-il.
Stéphane Lhomme a finalement été libéré en fin de soirée mais devrait être convoqué ultérieurement par le parquet de Paris et la DST pour répondre de cette affaire. Rien à cette heure ne peut justifier cette garde à vue de Stéphane Lhomme et la perquisition de son domicile : l'infraction qui lui est reprochée (la publication d'une note sur la sécurité du futur réacteur nucléaire EPR) était connue de tous depuis de nombreux mois, explique France Nature Environnement qui est soulagé de la fin de la garde à vue du porte-parole. Pour la FNE, l'association à laquelle appartient également Stéphane Lhomme n'a fait que son devoir : informer le public des risques que représente le projet du nouveau réacteur nucléaire à Flamanville, dans la Manche et l'industrie du nucléaire.
France Nature Environnement attend du gouvernement de s'expliquer sur les motifs exacts de la garde à vue de Stéphane Lhomme et estime que la vraie menace pour la sécurité de notre pays, ce n'est pas le militantisme écologiste : c'est le manque de transparence et le pouvoir d'influence de l'industrie nucléaire en France depuis 40 ans.
Le délit de compromission du secret de la défense nationale est passible de cinq ans de prison et de 75.000 euros d'amende.