Le défi pour la Chine est donc aujourd'hui d'indexer son développement à une réelle politique environnementale. Le Livre Blanc sur la protection de l'environnement publié récemment par les autorités chinoises indique que le montant des pertes économiques dues à la pollution représente près de 10% du PIB du pays. A lui seul, l'accident industriel de novembre 2005 qui a entraîné le déversement de benzène dans la rivière Songhua devrait coûter 1,2 milliards de dollars sur les cinq années à venir.
Apparemment consciente de ces enjeux, la Chine veut faire de la prévention et du contrôle des pollutions d'origine industrielle un axe prioritaire dans sa politique environnementale d'autant plus que les pollutions chimiques survenues récemment dans le pays ont connu un fort retentissement international.
Elle a choisi de démontrer son engagement à travers le Shanghai Chemical Industry Park (SCIP), première zone industrielle pétrochimiques et de chimie fine du pays. La direction du SCIP et la municipalité de Shanghai se sont lancé un double défi : proposer un modèle industriel attractif pour les investisseurs étrangers mais aussi faire de ce site un modèle industriel en matière de protection de l'environnement. Et ce ne sera pas simple lorsqu'on sait que le SCIP regroupe sur 30 km2 les plus grandes industries pétrochimiques chinoises et internationales.
Pour réussir ce défi, la ville et le SCIP ont choisi d'implanter au sein du parc un ensemble de services aux entreprises qui combinent des services logistiques, des installations de protection de l'environnement, des équipements publics et des services administratif. Parce que les réglementations sur ce parc industriel atteignent un niveau de sécurité en matière de protection de l'environnement équivalent aux normes européennes, le parc possède des installations entièrement dédiées aux industries du parc : usine de production d'eaux potable et industrielle, de traitement des eaux usées et prochainement un incinérateur. La station d'épuration est adaptée aux pollutions du site et équipée de toximètres qui mesurent la qualité des effluents entrant en continu et en temps réel. L'incinérateur a également été conçu pour traiter sur une même installation la totalité des déchets dangereux des industries du parc, qu'ils soient liquides, solides ou gazeux.
Conçues et gérées par Suez environnement, ces installations viennent d'être complétées par un centre de recherche dédié aux eaux usées industrielles et aux déchets dangereux. Inauguré le 5 juillet dernier, ce centre est installé au cœur du Shanghai Chemical Industry Park et sera dédié à la recherche et aux analyses des eaux industrielles issues du site pétrochimique. Il aura pour missions de caractériser les effluents complexes et spécifiques des clients industriels du site pétrochimique, de développer des pilotes sur site pour déterminer des technologies capables de traiter ces effluents et de déterminer celles qui sont les plus efficaces pour optimiser les coûts pour le traitement des effluents et des déchets industriels des usines présentes sur le site.
Le centre de recherche orientera également ces travaux sur la réutilisation des eaux usées afin de limiter les prélèvements de la ressource en eau dans le milieu naturel.
Ce laboratoire est le premier en son genre en Chine parce qu'il associe sur la base d'un accord de partenariat et de coopération des entreprises internationales et locales et des universités. Les programmes de recherche vont en effet être menés en collaboration avec les deux Universités de Shanghai : Tongji University et East China Technology University.