Présidé par l'économiste Christian de Boissieu, le groupe d'experts composé de 31 personnalités choisies pour leurs compétences dans des milieux divers : élus professionnels, associations, syndicats, académiques, universitaires a remis son rapport, le 3 juillet dernier aux ministres concernés*. Résultat : un rapport de 76 pages et 29 recommandations relatives à la stratégie générale, à la cohérence des politiques publiques et à la mobilisation dans les secteurs d'activité concernés dont les conclusions ont été rendues publiques, lundi 9 octobre, lors d'un colloque au ministère des finances. Selon les ministres, il est possible d'atteindre l'objectif d'une réduction par 4 des émissions de gaz à effet de serre en France d'ici 2050 mais cela supposera un effort intensifié de tous, particuliers, entreprises et pouvoirs publics. L'effort de tous, entreprises, associations, particuliers, pouvoirs publics devra se poursuivre dans la durée et s'intensifier encore pour permettre, par l'évolution des technologies et des comportements, d'atteindre le « Facteur 4 » sans affecter le développement économique et social de notre pays, ont souligné les ministres dans un communiqué.
Devant un public composé d'acteurs français et étrangers concernés par le défi de la division par 4 des émissions de gaz à effet de serre, Nelly Olin et François Loos ont tenu a rappelé que plusieurs mesures inspirées de ce groupe de travail ont été reprises dans le Pacte national pour l'environnement, annoncé le 4 octobre par le Premier Ministre. On compte la création d'un livret bancaire pour le développement durable, qui permettra de dégager 10 milliards d'euros dès 2007 pour le financement des économies d'énergie dans le logement, ont indiqué les ministres. La fixation d'un objectif de 25% de construction THPE (Très haute performance énergétique) dans le logement social en est un autre exemple, ont-ils ajouté.
Outre des recommandations d'ordre stratégique et d'autres qui concernent la cohérence de l'ensemble des politiques publiques, le troisième lot de recommandations énumère les actions que chaque secteur d'activité devra mettre en place. En ce qui concerne les transports par exemple, les auteurs du rapport proposent de « porter l'effort financier en priorité sur les transports de masse », de réduire les vitesses maximales autorisées, de légaliser le péage urbain et de taxer le kérosène. Le document fait aussi référence à l'agriculture et plus généralement au rôle central de la biomasse. L'une des recommandations souligne ainsi la nécessité d'avoir massivement recours d'ici 2020 aux ressources énergétiques, chimiques et en matériaux de la biomasse en substitution des énergies fossiles. L'utilisation au niveau local des biocarburants pour se véhiculer ou de la biomasse comme source de chaleur est également citée. Les auteurs du rapport estiment notamment que la réponse des prochaines décennies sera forcément formulée sous forme de bouquet énergétique.
Concernant l'énergie nucléaire, il n'apparaît pas justifié, selon eux, pour bâtir une stratégie climat, de centrer le débat sur l'énergie nucléaire. Les thèmes sur lesquels il importe de se mobiliser rapidement sont pour la France dans le bâtiment existant, les transports et dans la croissance de la cogénération dans l'industrie, indique le rapport. De plus, toujours selon le groupe de travail, les énergies renouvelables si souvent mises en avant ne constituent pas la solution unique à tous les problèmes. Sauf à faire des progrès en rupture sur le stockage de l'électricité, il apparaît peu probable que le solaire [NDLR : photovoltaïque] et l'éolien, notamment du fait de la puissance installée requise pour assurer une production garantie donnée, puissent à eux seuls assurer l'électricité de base, estiment-t-ils.
* Rapport