C'est dans ce cadre que l'Institut français de l'environnement (IFEN) s'est intéressé aux pressions qu'exercent les infrastructures routières sur l'environnement dans le numéro 114 du mois d'octobre de son « 4 pages » des données de l'environnement*.
L'analyse montre que la construction et l'entretien des infrastructures routières absorbent la moitié de la production nationale annuelle de granulats en se basant sur les chiffres de l'Union nationale des producteurs de granulats qui estime que 200 millions de tonnes (Mt) de granulats naturels sont consommées par les routes sur les 400 Mt produites annuellement en France par l'extraction réglementée de gisements essentiellement locaux. En moyenne, cela représente 3 t/an de granulats par Français.
Le terrassement, la construction et l'entretien des routes génèrent d'autre part près de 297 Mt de déchets par an, principalement inertes. Les deux tiers sont recyclés soit sous forme de remblais routiers ou de carrières soit en techniques routières, tandis que le tiers restant, soit près de 100 Mt, est mis en décharge. L'IFEN note toutefois que des efforts sont réalisés en vue d'économiser certains matériaux à l'instar des 97 % des déchets d'enrobés qui sont réemployés.
Par ailleurs, la circulation mais aussi les travaux routiers contribuent aux émissions nationales de CO2. Ainsi, chaque année, les flux de dioxyde de carbone en provenance de la filière de production d'enrobés représentent 0,45 % des émissions dans l'air de la France métropolitaine. Si on y ajoute le transport des matériaux et l'entretien des routes, ce chiffre atteint même 0,9 %. Le transport des matériaux contribue aussi pour un tiers des émissions de dioxyde de soufre émis tout au long du cycle de vie d'une route hors circulation.
Bien entendu, l'impact majeur reste la circulation des véhicules qui responsable de 36,6 % des émissions nationales de CO2. Les émissions annuelles de SO2 représentent par ailleurs 7,5 % de celles de la France métropolitaine avec 2,9 % provenant de la production même des enrobés.
Enfin, l'IFEN met enfin en évidence que le réseau routier provoque une fragmentation des écosystèmes. Les routes divisent en moyenne par deux et demie les surfaces continues des zones d'intérêts écologiques et peuvent également altérer des habitats naturels et perturber la faune.
L'institut note cependant qu'en application de la réglementation sur la prise en compte de l'environnement dans les projets soumis à étude d'impact, les gestionnaires d'autoroutes ont dépensé 100 millions d'euros par an depuis 2001, soit 3 % de leur valeur ajoutée. Il s'agit d'équipements de protection contre le rejet des eaux polluées dans l'environnement (bassins de rétention, par exemple) ou bien de dispositifs de protection de la biodiversité. Ces derniers ouvrages visent, notamment, la modération de la fragmentation du territoire par l'édification de passages pour la faune.
*Les 4 pages de l'IFEN : http://www.ifen.fr/publications/4pages/PDF/de114.pdf