Face à cette crise, l'écologie et le commerce équitable apparaissent comme un des moyens de remédier à la situation très problématique d'un million de petits producteurs essentiellement latino-américains, selon une étude de la Banque mondiale.
Le marché du café traverse aujourd'hui une crise grave. Les travailleurs du secteur du café ne sont plus en mesure de vivre de leur production. Les prix du marché, fixés par les quatre principales multinationales aux profits indécents, sont trop bas pour permettre aux producteurs de dégager le bénéfice dont ils ont besoin pour poursuivre leur activité. En outre, le café étant un produit à trop haut rendement, sa qualité même diminue.
Conséquence de l'absence d'un système international de stabilisation des prix du café et des matières premières en général, la situation des producteurs de café n'est pas viable.
Les producteurs ayant opté pour une production socialement équitable ont engrangé des bénéfices économiques considérables par rapport à la moyenne des producteurs traditionnels précise l'étude de la Banque mondiale publiée avec la collaboration de l'Institut international pour le développement durable, l'Organisation internationale du Café et la Conférence de l'Onu sur le commerce et le développement.
En 2001, le commerce équitable a rapporté quelque 29,95 millions de dollars supplémentaires aux producteurs ayant fait le choix de ce type d'agriculture comparé à ce qu'ils auraient gagné en produisant selon les critères traditionnels, selon des calculs des Organisations internationales de Commerce équitable.
Le Mexique et le Pérou sont les principaux producteurs de café écologique et équitable, suivis par le Guatemala, la Colombie, le Nicaragua, la Tanzanie et le Costa Rica.
Le document se base sur la situation du café produit selon des méthodes ''de développement durable'' vendus en Europe et au Japon. Une étude similaire avait été réalisée sur l'Amérique du nord,il y a deux ans.
La part de la consommation de ce type de café dans chacun des 11 pays européens examinés va de 0,3% à 3,4%, contre 1,2% au Japon en 2002.
Cependant la progression des ventes moyennes de ces produits a été cinq fois plus importante que celle de café produit selon des méthodes conventionnelles, indique l'étude notant une progression de 175% en France entre 1999 et 2001.
Et selon son auteur, les marchés européens pour le café ''produit du développement durable'' devraient connaître l'an prochain une croissance entre 55% et 65% par rapport à leur niveau de 1999.
Le système de commerce équitable a été créé en Europe et en Amérique du Nord par des organismes de développement international désirant appuyer les artisans et les producteurs des pays du Sud. C'est en 1946, en Amérique du Nord, que le Mennonite International Development Agency (maintenant connu sous le nom de Comité central mennonite) fonda le premier projet d'achat direct auprès d'artisans pauvres d'Amérique latine. En Europe, en 1950, Oxfam commença à organiser la vente d'artisanat fabriqué par des réfugiés chinois dans des magasins en Grande-Bretagne, et peu de temps plus tard, un groupe de militants et militantes néerlandais commença à importer directement des sculptures en bois haïtiens afin d'aider les artisans et artisanes à devenir économiquement autonomes. En éliminant les intermédiaires, le commerce équitable vise à laisser une plus grande part des profits aux producteurs.
La certification du commerce équitable a vu le jour à la fin des années 80. Il s'agit d'un système de surveillance mis sur pied pour s'assurer que tant les producteurs que les importateurs respectent une série précise de critères sociaux et environnementaux. Un logo distinctif permet aux consommateurs et consommatrices de reconnaître les produits équitables. Le café a été le premier produit certifié équitable mis en marché. Dans certains pays européens, de grandes compagnies de café ont rapidement offert du café équitable dans les supermarchés et les cafés. Ailleurs, la distribution s'est développée plus lentement.
Le café est à l'heure actuelle le produit certifié équitable le plus vendu sur le marché. En 2002, 63 groupes de producteurs et productrices dans 22 pays de toutes les régions productrices cultivent du café équitable. Ces groupes se trouvent en Bolivie, au Brésil, au Cameroun, en Colombie, au Costa Rica, en République démocratique du Congo, en République dominicaine, en Équateur, au El Salvador, en Éthiopie, au Guatemala, en Haïti, au Honduras, en Indonésie, au Mexique, au Nicaragua, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Pérou, en Tanzanie, en Thaïlande, en Ouganda et au Venezuela.
Après le pétrole, le café est l'une des marchandises les plus importantes sur le marché mondial qui fait vivre quelque 25 millions d'agriculteurs. Neuf pays en développement en dépendent pour plus de 20% de leurs exportations et quatre autres pays pour plus de la moitié de leurs ventes à l'étranger.
Le premier programme de certification équitable a vu le jour en 1988 aux Pays-Bas. La Fondation Max Havelaar a été ainsi nommée en l'honneur du héros d'un roman néerlandais du 19e siècle qui dénonçait les mauvais traitements subis par les travailleurs du café durant la période coloniale néerlandaise.
Avec AFP