C'est ce qu'indique le dernier bilan de la production mondiale d'électricité à partir de sources d'énergies renouvelables, publié récemment par EDF et un organisme d'études indépendant, l'Observatoire des énergies renouvelables (Observ'ER).
L'Observatoire des énergies renouvelables a créé, en 1998, le baromètre EurObserv'ER, outil de suivi des différents secteurs énergies renouvelables. Observ'ER, aidé de ses partenaires, EnergieSpaarverband, Eufores, Eurec Agency et EC BREC assure ainsi depuis cinq ans maintenant le monitoring des filières sur l'ensemble de leurs dimensions économiques, énergétiques, de politiques publique et de prospective.
En 2002 la production d'électricité d'origine renouvelable représente 18% de la production d'électricité, mais elle n'a augmenté que de 1,4% en dix ans.
En ce qui concerne les barrages , énergie renouvelable traditionnelle et très ancienne et dont production des barrages est menacée à la fois par le changement climatique et la législation sur l'eau. En effet, le réchauffement planétaire s'est déjà manifesté en France depuis plusieurs années par une baisse du couvert neigeux fondant au printemps et des précipitations qui alimentent rivières et barrages.
La loi sur l'eau de 1992, observe la directrice environnement d'EDF, a multiplié par quatre le ''débit réservé'', c'est-à-dire la quantité d'eau ne pouvant être détournée vers un barrage.Cette disposition devrait faire pleinement sentir ses effets avec le prochain renouvellement de concessions des grands barrages. Sa mise en place risque même d'être ''accélérée'' dans la nouvelle loi sur l'eau préparée actuellement en application d'une législation européenne visant à protéger les milieux aquatiques.
Si on enlève les barrages, les nouvelles filières ne comptent encore que pour 1,7% du courant électrique des cinq continents, malgré une augmentation de production de 75% depuis 1993.
Toutes filières confondues, ce sont les énergies fossiles qui ont le plus profité du décollage des pays émergents. Le courant sorti des centrales thermiques (charbon, fioul et gaz) représente 65% du bilan mondial de 2002. En dix ans il a progressé davantage (+ 3,4%) que la production totale (+2,8%).
Le nucléaire est encore prospère, avec une part de 17% de la production mondiale d'électricité en 2002 et une hausse de 2,4% depuis 1993.
L'Union européenne tire encore 33% de son électricité du nucléaire et les centrales nucléaires des Quinze ont encore accru leur production de 1,3% entre 1993 et 2003. Cette évolution est tirée par la France, où le courant d'origine nucléaire a augmenté de 1,9% en dix ans pour représenter 78,3% du courant produit en 2002, le plus fort pourcentage mondial.
La France se distingue aussi du reste de l'Union en matière d'énergies fossiles et de renouvelables. Elle a le plus faible pourcentage de fossiles des Quinze dans sa production électrique (9,3% contre 52% pour la moyenne européenne). Cependant, sa production de courant thermique a davantage progressé depuis 1993 (4,7%) que celle de l'UE (2,7%).
L'hydroélectricité française, la plus forte des Quinze, représente 95% de la production de courant d'origine renouvelable contre 75% pour la moyenne européenne. Mais en dix ans elle a diminué (0,4%) plus que la moyenne (0,1%).
Côté nouvelles filières, la France a pris beaucoup de retard sur ses voisins malgré des progrès récents.
La production d'électricité fabriquée avec le vent (éolien), le soleil (photovoltaïque), le bois et les déchets (biomasse) ainsi que la chaleur de l'écorce terrestre (géothermie) a fait un bond de 239% dans l'UE et de 110% en France depuis 1993.
Anecdotique en France (0,7% du courant produit en 2002), elle représente déjà près de 4% du courant produit chez les Quinze grâce aux efforts gigantesques de l'Allemagne, champion mondial de l'éolien.
L'UE a prévu de porter la part des renouvelables, hydroélectricité incluse, à 22,1% de sa consommation totale d'électricité en 2010 contre 13,9% en 1997, le pourcentage prévu pour la France étant de 21%.
La France est mal partie pour respecter cette législation selon EDF et cette organisme d'études spécialisé.