La naissance d'un géant de l'agro-chimie ne va pas de soi. Pour des raisons environnementales et de sécurité alimentaire bien sûr mais aussi de concurrence. C'est sur ce dernier fondement que la Commission européenne a annoncé mardi 22 août l'ouverture d'une enquête approfondie sur le projet d'acquisition de Monsanto par Bayer.
"Les semences et les pesticides sont essentiels pour les agriculteurs et, en définitive, pour les consommateurs", a ainsi justifié Margrethe Vestager, commissaire chargée de la politique de la concurrence. Et d'ajouter : "Nous devons garantir une concurrence effective, de manière à permettre aux agriculteurs d'avoir accès à des produits innovants de meilleure qualité et à des prix compétitifs. Dans le même temps, il faut préserver un environnement dans lequel les entreprises peuvent innover et investir dans des meilleurs produits".
L'enquête initiale menée par Bruxelles a fait apparaître des risques en matière de concurrence sur trois marchés : les pesticides, les semences et les caractères agronomiques. A titre d'exemple, Bayer produit l'un des rares substituts au glyphosate de Monsanto, l'herbicide non sélectif le plus vendu en Europe.
Le rachat de l'américain Monsanto par l'allemand Bayer a été annoncé en septembre 2016. L'opération a été notifiée à la Commission européenne le 30 juin 2017. Cette dernière doit arrêter sa décision avant le 8 janvier 2018. Compte tenu de la portée internationale du projet de fusion, Bruxelles indique coopérer avec les autres autorités de concurrence aux Etats-Unis, en Australie, au Brésil, au Canada et en Afrique du Sud.
Si le projet devait aboutir, il donnerait lieu à la plus grande entreprise intégrée du monde dans les secteurs de pesticides et des semences. L'opération interviendrait dans des branches d'activités déjà concentrées au niveau mondial, comme le montrent les récentes fusions entre Dow et Dupont et entre Syngenta et ChemChina.