Avec un quintuplement de leurs ventes depuis 2000, le marché des poêles à bois se porte bien en France selon une étude Xerfi, "Marché du chauffage au bois pour l'habitat à l'horizon 2013 - Poêles, inserts, foyers et chaudières : perspectives par segment, paysage concurrentiel et enjeux de la profession".Les inserts et chaudières ne sont pas en reste, mais enregistrent une hausse plus modeste de la demande. Malgré la crise économique, les ventes pour l'ensemble des appareils ont progressé à un rythme de plus de 5% par an entre 2004 et 2011. Les raisons de cette situation favorable ? Tout d'abord, le soutien du gouvernement à travers des aides publiques comme le crédit d'impôt développement durable, a encouragé la filière.
Ensuite, les dépenses d'électricité et de chauffage représentent désormais une charge d'un tiers supérieure qu'il y a dix ans. Elles atteignent désormais 150 € par mois, selon 60 millions de consommateurs dans son enquête publiée en octobre 2011.
La réglementation thermique RT 2012 pourrait encore venir appuyer un peu plus la filière, selon l'étude Xerfi. En vigueur à partir du 1er janvier 2012, elle impose une consommation d'énergie primaire moyenne de 50 kWh/m²/an, contre 150 kWh/m²/an environ avec la RT 2005.
Selon une étude Enerplan, la filière du chauffage au bois constitue en effet une des réponses les plus pertinentes pour alléger les consommations d'énergies classiques : "Dans sa configuration la plus simple, une chaudière bois, automatique ou manuelle, permet dans la plus grande majorité des cas de passer sous le seuil du Cep Max. Les meilleurs résultats sont obtenus avec l'association avec un SSC, où les consommations en énergie primaire oscillent entre 30 et 45 kWh/m²/an".
Conscients du marché, les fabricants d'appareils de chauffage au bois se sont efforcés de se calquer aux critères de cette nouvelle réglementation. Par exemple, la RT 2012 exige une limite de perméabilité à l'air de la maison qui correspond à un débit de fuite maximum de 0,6 m3/h sous une pression de 4 Pascal, pour une maison individuelle. "Les fabricants (...) ont notamment mis sur le marché des poêles et inserts étanches qui ne consomment pas l'air ambiant à l'intérieur de l'habitat pour générer la combustion, mais s'approvisionnent directement à l'extérieur via une alimentation directe, préciseFlavien Vottero, expert sectoriel chez Xerfi, grâce à cette entrée d'air spécifique, ils fonctionnent sans faire pénétrer de l'air froid dans la pièce".
Une question reste en suspens toutefois : quels seront les acteurs qui vont profiter de l'appel d'air permis par la réglementation ? Selon l'étude Xerfi, les fabricants français se composent aujourd'hui de nombreuses PME qui n'investissent pas assez pour innover. Pour le cabinet d'étude, les acteurs étrangers - qui représentaient une part de marché de près de 30% en 2011 - monteront encore en puissance et amèneront les PME françaises à se concentrer.
Un coût prohibitif
D'autres difficultés pourront venir contrarier le développement de la filière. Tout d'abord, le coût des équipements de chauffage peut se révéler prohibitif dans un contexte économique difficile, avec un coût initial qui s'échelonne entre 4.000 et 7.000 euros (achat du matériel, installation, raccordement, etc.). "La profession subit la concurrence des appareils alternatifs meilleur marché et au rendement énergétique tout autant compétitif à l'instar des chaudières gaz à condensation", pointe Flavien Vottero.
Ensuite, depuis le premier semestre 2012, la demande de chantier pour des maisons individuelles s'essouffle. Le crédit d'impôt développement durable pourrait également évoluer dans les prochains mois. Si ce coup de pouce subit une nouvelle baisse ou est supprimé, les ventes d'équipements de chauffage au bois pourraient reculer, selon l'importance de la baisse des aides publiques, entre 1% et 5% en 2013, estime l'étude de Xerfi.
Résoudre les conflits d'usage entre le bois énergie et le bois industrie
Pour augmenter la contribution de la biomasse à la part d'énergie renouvelable, il faudra résoudre les conflits d'usage entre le bois énergie et le bois industrie. Ces deux filières se partagent en effet les déchets issus de la sylviculture et ceux de scierie. De plus, le gisement réellement disponible de l'approvisionnement en bois s'avère en effet à estimer.
Selon l'étude Xerfi, les Français s'approvisionnent pour la plupart auprès de circuits informels (exploitants forestiers, agriculteurs ou production personnelle). Cette habitude constitue un frein au développement de l'activité des producteurs et distributeurs de combustibles.
Toutefois, la filière des granulés de bois a vu sa production de pellets se multiplier par 6 entre 2006 et 2011.