"Notre avenir est électrique". S'il a prononcé ces mots lors de la présentation du plan de mobilité électrique du groupe EDF, le mercredi 10 octobre, Jean-Bernard Lévy, le PDG, n'en traduit pas moins sa pensée. Selon lui, l'absence de prise en compte de hausse, même légère, de la consommation électrique dans les réflexions sur la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) est "imprudente". L'électricien projette, lui, une augmentation de la demande et des usages. Et compte bien y participer, notamment au travers du déploiement du véhicule électrique. Le groupe entend devenir, à l'horizon 2022, un leader de la mobilité électrique en Europe et devrait présenter, dès 2019, des offres intégrées dans les quatre principaux marchés qu'il occupe : la France, la Belgique, le Royaume-Uni et l'Italie.
"Il s'agit, pour nous, de jouer un rôle majeur dans une grande chaîne de valeur, celle de la mobilité électrique, qui va connaitre une croissance forte", explique Jean-Bernard Lévy. "Pour que cela fonctionne, il faut une électricité bas carbone et peu chère", souligne-t-il. Le groupe devrait multiplier les partenariats avec des constructeurs automobiles, mais aussi avec des start-up spécialisées dans les nouvelles solutions de mobilité. Son objectif : capter un maximum de clients.
30% des parts de marché visées
EDF estime que la France, la Belgique, l'Italie et le Royaume-Uni représenteront un marché d'un million de véhicules électriques en 2020, 4 millions en 2025 et 17 millions en 2035. Le groupe ambitionne de fournir en électricité 30% de ce parc. Pour gagner des parts de marché, il lancera, dès 2019, des offres intégrées dans chacun de ces pays, comprenant la fourniture d'électricité bas carbone, une solution de recharge "pour tous les clients disposant d'une place de parking" et des services d'optimisation de la recharge et d'usage de la batterie. EDF planche également sur "des solutions innovantes pour tous les clients ne disposant pas de place de parking".
En parallèle, EDF se positionne sur le marché des recharges. Il ambitionne de devenir le premier opérateur d'infrastructures de recharges publiques et privées. Sa filiale Sodetrel devrait déployer 75.000 bornes d'ici 2022 et proposer, en interopérabilité, l'accès à 250.000 bornes. Aujourd'hui, le groupe exploite près de 5.000 bornes et multiplie les contrats avec les collectivités pour agrandir son réseau. Il déploiera également 4.000 bornes intelligentes, qui piloteront la recharge et/ou la décharge des batteries des véhicules ("vehicle-to-grid", V2G) en fonction de l'équilibre du réseau. En 2035, l'électricien estime pouvoir toucher 1,5 million de véhicules avec une charge pilotée, soit 25% des parts de marché.
Des partenariats avec les acteurs clés
Pour déployer cette stratégie, EDF se dote d'un directeur de la mobilité électrique, Yannick Duport, et multiplie les partenariats. Le groupe refuse cependant de communiquer sur le montant des investissements programmés pour développer cette activité.
EDF va travailler avec plusieurs constructeurs automobiles sur le développement d'offres communes et de solutions innovantes. Le groupe va notamment plancher avec Renault sur les territoires insulaires, les métropoles et l'intégration de la voiture électrique dans l'autoconsommation. Avec toyota sur la recharge intelligente et les stations de recharge hydrogène. Et avec Nissan sur la recharge intelligente, la seconde vie des batteries, le stockage et les énergies renouvelables.
Une joint-venture devrait prochainement être créée avec la start-up californienne Nuvve, qui multiplie les démonstrations en Europe autour du vehicle-to-grid. EDF a également noué un partenariat stratégique avec la start-up allemande Ubicitry, sur la recharge sur lampadaire. Enfin, des démonstrateurs seront lancés avec Valeo sur les futures technologies de batterie et des services autour de la mobilité électrique.