Avec la lettre verte lancée le 29 septembre, La Poste entend créer "une offre économique, rapide et fiable, plus respectueuse de l'environnement". Ces promesses résistent-elles à un examen approfondi de l'offre ?
Plus économique et plus lente
Incarnée par le nouveau timbre vert, cette lettre sera distribuée en 48 heures (contre 24 h pour la lettre prioritaire) et coûtera 57 centimes (contre 60 centimes pour la lettre prioritaire). Pas sûr que les clients soient sensibles aux 3 centimes d'économie que leur valent ce retard de routage !
La création de ce concept n'est-elle pas destinée à habiller l'incapacité de La Poste à garantir aujourd'hui une distribution à J+1, qui était pourtant la règle avant ? Le taux de lettres prioritaires distribuées le lendemain est en effet passé de 84,7 % en 2009 à 83,4 % en 2010, selon les chiffres de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) dévoilés en mai dernier.
Des vertus écologiques remises en cause par les syndicats
La lettre verte aura-t-elle alors de véritables vertus écologiques ? "Elle ne nécessite pas de prendre l'avion", argumente La Poste, "sauf naturellement vers La Corse ou les DOM".
La société indique, en outre, qu'elle a été conçue pour émettre -15% de CO2 dès à présent et jusqu'à -30% en cible par rapport à la lettre prioritaire. "Plus cette offre sera choisie par les clients, plus l'impact sur l'environnement sera donc favorable", avance La Poste.
Hervé Tellier de la CGT indique au contraire, dans des propos tenus à l'AFP, que "les plates-formes régionales de tri qui ont remplacé et supprimé de nombreux centres départementaux génèrent déjà plus de transports du courrier par camions, et avec cette annonce, La Poste va mettre encore plus de camions sur les routes".
Le syndicat SUD-PTT indique, quant à lui, se fondant sur le rapport annuel sur le développement durable de La Poste, publié en interne, que les émissions de CO2 liées au transport sont passées "de 300 millions de tonnes en 2004 à 515 millions en 2010".
Il rappelle que la compagnie aérienne postale a été vendue en 2007 pour engager la transition vers le fret à grande vitesse sur rail. Cinq TGV devaient remplacer la flotille de 15 avions. "Ce projet devait être porté par un partenariat SNCF-La Poste mais est aujourd'hui en état de mort clinique", selon SUD.
"Le projet est confronté à des problèmes d'attribution des sillons la nuit. Mais, parallèlement, nous développons le transport par fret ferroviaire du courrier publicitaire, qui nous permettra à terme de transporter deux milliards de plis par an", a répondu La Poste, sollicitée par l'AFP.
La Poste met en place un éco-calculateur
Peut-être l'éco-calculateur que La Poste va mettre en place permettra-t-il d'obtenir des indicateurs objectifs ? Cet outil, "qui a reçu le label Veritas", va permettre de mesurer l'impact environnemental de ses offres. Il sera mis à disposition de ses commerciaux en décembre et du grand public en 2012.
Pour l'opérateur postal, en tout état de cause, "la Lettre verte participe à sa politique offensive en matière de réduction des émissions de CO2, qui s'appuie notamment sur une gamme de transports propres, des formations à l'éco-conduite, la gestion environnementale des bâtiments et l'éco-conception de ses offres".