Lors de la première Conférence scientifique publique mondiale sur la météorologie, qui s'est déroulée du 16 au 21 août à Montréal, plus de 1.000 scientifiques se sont penchés sur la question de l'avenir de la météo. Une hausse de 1 degré génère 7% plus de vapeur d'eau, et comme l'évaporation est le moteur de la circulation des flux dans l'atmosphère, une accélération des phénomènes météorologiques est à prévoir, rapporte l'AFP. Avec le réchauffement climatique, "les nuages vont se former plus facilement, plus rapidement et les pluies vont être plus fortes", de même que les grands épisodes de froid, de chaleur et de sécheresse, a affirmé Simon Wang de l'Université Utah State, dont les propos sont relayés par l'AFP.
Cette influence des changements climatiques sur la météo aura des impacts très concrets sur nos modes de transports. Par exemple, les changements climatiques donnent plus de force aux jet-streams (1) . Ainsi, d'ici 2050, nous passerons "deux fois plus de temps en vol dans des turbulences", relève l'AFP, citant le météorologue Paul Williams. De même, si la concentration en dioxyde de carbone augmente de façon exponentielle dans les prochaine années, difficile de savoir comment les avions réagiront à ces "masses d'air très agitées", relaie l'AFP. Côté transport maritime, la hauteur des vagues augmentera, ne facilitant pas la tâche des transporteurs qui rencontrent déjà aujourd'hui des vagues notoirement plus impressionnantes qu'auparavant.
Prendre en compte le changement climatique : un nouveau défi pour la météorologie
Ainsi, la prise en compte des paramètres liés aux changements climatiques est le grand défi que les météorologues devront relever au cours des prochaines années, a expliqué le professeur Wang. Les "super-ordinateurs" seront nécessaires pour étudier cet impact. En tout état de cause, la météorologie devra s'adapter en profondeur : "la révolution silencieuse est en marche", a proclamé l'Organisation météorologique mondiale (OMM), le 12 août. Il est temps de "définir les priorités de la recherche scientifique future et son potentiel à générer de meilleurs services novateurs en matière de météorologie", explique l'OMM. Il s'agit d'aller encore plus loin dans la logique de perfectionnement : "les prévisions d'aujourd'hui à cinq jours sont actuellement aussi fiables que les prévisions à deux jours d'il y a vingt ans", rappelle Michel Jarraud, secrétaire général de l'OMM. Pour y parvenir, "les météorologues et les climatologues développent actuellement des « prévisions météorologiques et climatiques intégrées » qui abolissent davantage les frontières entre la science météorologique et la science climatique », relève Michel Jarraud.
L'abolition des frontières entre climatologie et météorologie
Traditionnellement, la météorologie et la climatologie sont considérées comme des disciplines scientifiques distinctes, notamment parce qu'elles étaient historiquement "confrontées à des défis scientifiques différents" et que "les prévisions météorologiques ont depuis toujours été conçues à des fins opérationnelles, alors que les prévisions climatiques commencent juste à être exploitables au travers de services" , explique l'OMM. Aujourd'hui, la frontière entre climatologie et météorologie s'estompe. On assiste ainsi à un renouveau des méthodes de recherche, les deux communautés scientifiques travaillant de plus en plus main dans la main, afin d' "augmenter la fiabilité et l'utilité de leurs prévisions" .
Des prévisions probabilistes de plus en plus précises
Ainsi, de nouveaux outils d'information devront être perpétuellement mis au point. Ces outils de plus en plus puissants doivent permettre de "réduire des risques découlant d'événements extrêmes et ainsi mieux gérer les transports, l'énergie, l'eau et les autres systèmes vitaux dont nous dépendons tous", poursuit le secrétaire général. Il s'agira notamment d'"améliorer la qualité des prévisions de cyclones tropicaux et autres phénomènes météorologiques à fort impact au-delà de deux semaines d'échéance", souligne l'OMM. Par exemple, ces nouveaux outils peuvent consister en des "prévisions d'ensemble", qui sont "composées de plus de 50 simulations pour des évènements tels que la trajectoire potentielle d'une tempête", détaille l'Organisation. Ainsi, "sur la base de ces prévisions, des probabilités peuvent être assignées aux différentes trajectoires possibles qu'une tempête pourrait suivre ainsi qu'a son intensité", poursuit-elle.
Dès lors, l'OMM prédit que les prévisions dites probabilistes seront "de plus en plus précises dans l'espace et dans le temps". Très sophistiqués, les modèles intégreront toujours davantage "les composantes et le processus du système-Terre", déclare l'OMM. Les informations concernant l'atmosphère, les océans, la topographie, le changement de l'occupation des sols, la végétation, les lacs, les rivières, les nuages et les tendances socio-économiques seront intégrées de façon de plus en plus pointue. Concrètement, ces modèles pourront servir "d'aide à la décision" et être "utiles pour de nombreux aspects de nos vies", conclut l'Organisation.