Le bois, énergie propre ?
Le bois-énergie a d'indéniables avantages : énergie locale, renouvelable, globalement neutre en termes de bilan CO2.
On a intérêt à développer le chauffage au bois, à condition de résoudre le problème des émissions dangereuses.
Le bois-énergie (même un bois propre et sec) présente des risques sanitaires avérés, plus importants qu'avec les autres combustibles (fioul domestique, charbon, gaz naturel...).
Selon les données du CITEPA, organisme chargé des inventaires de la pollution atmosphérique dans notre pays, la combustion du bois est très nettement en première position pour les émissions des particules les plus fines (PM2,5 et PM1, les plus dangereuses pour la santé) et de composés toxiques ou cancérigènes comme les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP), le Benzène ou les PolyChloroBiphényles (PCB, appelés communément Pyralènes).
De tous les combustibles, le bois-énergie est également le principal émetteur de Métaux lourds (hormis le mercure et le nickel).
La combustion du bois résidentiel était en 3è position pour les émissions de Dioxines et Furannes, derrière l'industrie manufacturière et l'incinération des déchets. Mais, à la suite de la mise en oeuvre de nouvelles normes applicables à l'incinération des déchets, la combustion du bois résidentiel est passée, depuis 2006, en 2è position derrière l'industrie manufacturière.
Les problèmes sont liés à certains facteurs, dont ceux-ci :
- Le bois est un combustible SOLIDE, dont la combustion est plus incomplète que celle des combustibles liquides ou gazeux (fioul domestique, gaz naturel...).
Le charbon est également un combustible solide, et, comme le bois, sa combustion émet beaucoup de particules, mais, étant constitué de 70% (lignite) à 95% (anthracite) de carbone pur, il émet beaucoup moins d'autres sous-produits de combustion incomplète.
- Les arbres, comme tous les organismes vivants, captent des éléments présents dans leur environnement (en l'occurence l'atmosphère et le sol) et en concentrent (bioaccumulent) certains, dont des polluants comme les métaux lourds ou le chlore. Et, à la différence des combustibles liquides ou gazeux, le bois ne peut pas être raffiné.
Ainsi, lorsqu'on brûle du bois, on retrouve dans l'air un certains nombre de produits dangereux; au cours de la combustion, le chlore par exemple réagit avec les composés du bois pour produire des composés chlorés tels que les dioxines, les furannes ou les PCB.
Le plus inquiétant est que le bois est une source d'énergie relativement secondaire (il ne représente que 5% de la consommation d'énergie finale en France).
Comment peut-il polluer autant ?
Le principal responsable de ces résultats alarmants est le chauffage domestique (85% de la consommation de bois-énergie, secteur non contrôlé, avec trop d'appareils vétustes ou surdimensionnés et des pratiques défavorables à une bonne combustion).
Il n'était pas possible de laisser ce mode de chauffage se développer dans de telles conditions.
Le Plan Particules intégré dans le Plan National Santé Environnement 2 (PNSE 2) propose un certain nombre de mesures à prendre pour réduire cette pollution (voir le lien 2. ci-dessous).
Le CITEPA souligne que : « Les particules solides servent de vecteurs à différentes substances toxiques voire cancérigènes ou mutagènes (métaux lourds, HAP,...) et restent de ce fait un sujet important de préoccupation ».
En termes de propreté des émissions, même un chauffage au bois performant et bien exploité ne peut concurrencer un chauffage similaire au fioul domestique ou au gaz naturel (voir les liens 1. et 4. ci-dessous).
Pour réduire d'une manière concurrentielle les rejets, il faut équiper les appareils de systèmes de dépollution performants.
A l'heure actuelle, ceci est réalisable uniquement pour les chaufferies collectives et industrielles, que l'on peut équiper de filtres à manches (FAM) ou d'électrofiltres (EF).
Dans le secteur domestique, ces technologies évoluées et coûteuses ne peuvent pas être appliquées telles quelles.
Des filtres à particules pour le chauffage domestique au bois commencent à être développés par des fabricants suisses; l'un de ces filtres (électrofiltre) est disponible en France (en Alsace justement); les efforts entrepris doivent être poursuivis pour atteindre les performances environnementales d'un chauffage au fioul domestique ou au gaz naturel, mais on est sur la bonne voie.
Quelques liens (officiels) qui étayent mon propos :
1. http://www.limousin.drire.gouv.fr/faits%20marquants/2trim2007/chaufferie-bois.htm
L'article et les documents qui le suivent sont très significatifs, particulièrement le second : "Impact sur la qualité de l'air des émissions dues à la combustion du bois", issu du ministère de l'écologie; il est facile de lecture et donne des valeurs de rejets pour différents chauffages domestiques : poêles et chaudières à bois, chaudières au fioul domestique (FOD) et au charbon.
Ces données montrent que, même une chaudière à bois actuelle présente des risques sanitaires plus importants que les chaudières au FOD ou au charbon.
On notera qu'un poêle à bois, même récent, est particulièrement polluant (dans certains cantons suisses, les poêles ne sont pas autorisés à fonctionner s'ils ne sont pas équipés de filtres à particules).
On peut noter dans la conclusion du rapport les points suivants :
• Les actions engagées (« flamme verte », crédit d’impôt) apparaissent insuffisantes au regard des enjeux.
• Le développement du bois-énergie doit être envisagé dans des installations d’une taille suffisante (chaudières de collectivité ou industrielles) pour permettre la mise en place de dispositifs de dépollution performants.
Le problème est qu'il faut posséder le logiciel Microsoft PowerPoint pour l'ouvrir.
2. http://www.developpement-durable.gouv.fr/article.php3?id_article=3488&var_recherche=plan+particules
Vous pouvez consulter le "dossier de presse" en bas de l'article (format PDF).
Il intègre les MESURES NATIONALES DU « PLAN PARTICULES » . Les pages 18 et 19 concernent le chauffage au bois.
3. http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/00/49/42/pdf/Chauffage-Du-bois-d-accord-mais-jamais-sans-filtre-OFEV-11-2007.pdf
Document de l'Office Fédéral de l'Environnement suisse, au titre significatif : « Chauffages - Du bois d'accord, mais jamais sans filtre ».
4. http://www.news.admin.ch/message/index.html?lang=fr&msg-id=7799&print_style=yes
Document du Conseil Fédéral suisse concernant les modifications de l'ordonnance sur la pollution de l'air (OPair) dans le Plan d'action contre les poussières (particules) fines.
On notera l'exemple des chaudières à bois d'une puissance calorifique supérieure à 70 kW, la plupart à chargement automatique :
« Or, même bien exploités, ces chauffages émettent au moins 300 fois plus de poussières fines qu'un chauffage similaire alimenté à l'huile ou au gaz. »
(l'huile est l'huile de chauffage, c'est à dire le mazout).
elvius
| 22 mai 2009 à 20h46
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