En juillet 2017, Nicolas Hulot annonçait la fin des véhicules thermiques d'ici 2040 à l'occasion de la présentation du plan climat du gouvernement. Pourtant, cet objectif ne figure pas dans le projet de loi sur les mobilités (LOM) que le gouvernement a déposé au Parlement. Et les sénateurs, qui examinent le texte en première lecture, ont repoussé mardi 26 mars plusieurs amendements qui prévoyaient cette inscription, dont l'un du groupe LREM (1) .
"De nombreux pays s'engagent déjà à mettre fin à la commercialisation des véhicules qui roulent à l'essence et au diesel : le Danemark, les Pays-Bas, la Suède, l'Irlande et l'Inde en 2030, le Royaume-Uni et l'Espagne en 2040. En les rejoignant, la France, troisième producteur automobile en Europe, pèsera de tout son poids sur le continent pour sortir des énergies fossiles et accélérer la transition du secteur automobile, pilier de l'économie européenne", a vainement plaidé le sénateur LREM Frédéric Marchand. "Si l'on continue de vendre des véhicules thermiques en 2040, nous n'atteindrons jamais notre objectif de neutralité carbone en 2050, a ajouté Ronan Dantec (RDSE). L'engagement dans le verbe est fort, mais disparaît dans la loi. C'est le même scénario que pour le glyphosate (…). Confortons la stratégie des grands groupes automobiles français, en leur donnant ce signal fort".
"Les objectifs de l'amendement [de M. Marchand] sont cohérents avec la PPE, le contrat stratégique de filière de l'automobile et les conclusions des Assises de l'aérien. Ils sont dans l'exposé des motifs de la loi. Les inscrire dans la loi serait un geste fort", a admis la ministre des Transports Elisabeth Borne tout en s'en remettant à la sagesse du Sénat. Tandis que le rapporteur LR Didier Mandelli émettait un avis défavorable, précisant qu'il préférait "inciter et accompagner qu'interdire".
"Les véhicules électriques fonctionnent avec des batteries que nous ne produisons pas et qui représentent 45 % à 50 % du prix du véhicule. Voulons-nous dépendre d'une économie centralisée sans concurrence, à savoir la Chine ? Sommes-nous prêts à désarmer nos constructeurs et à rendre les clés de la maison ?", a fait valoir le sénateur LR Gérard Longuet. L'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (Opesct), que l'ancien ministre de l'Industrie préside, a pourtant considéré dans un rapport présenté le 20 mars que cet objectif était réalisable pour les véhicules particuliers mais il chiffrait à près de 500 milliards d'euros le coût de cette transition.