Le plan de sortie du glyphosate prévoit de mettre fin "sous trois ans à la majorité des usages et sous cinq ans à la totalité des usages", a indiqué François de Rugy, ce jeudi 8 novembre. Le ministre d'Etat à la transition écologique était auditionné, avec son homologue de l'Agriculture Didier Guillaume, par la mission d'information parlementaire sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate. "Une sortie du glyphosate en trois ans est un objectif particulièrement ambitieux. C'est le premier herbicide utilisé en France", a-t-il souligné.
Selon ses chiffres, 8.800 tonnes de ce produit ont été vendues en 2017 en France, sur les 27.000 tonnes d'herbicides écoulées, soit près d'un tiers. Si son usage a augmenté entre 2009 et 2014, il aurait baissé de 7 % entre 2014 et 2017, a indiqué le ministre. "D'ici fin 2020, les autorisations de mise sur le marché [AMM] seront progressivement supprimées par l'Anses [l'agence nationale de sécurité sanitaire]". Restera ensuite un temps pour écouler les stocks existants…
Il existe aujourd'hui 198 produits autorisés contenant du glyphosate, dont 58 font actuellement l'objet d'une demande de renouvellement auprès de l'Anses. "Ces demandes d'AMM feront l'objet d'une analyse pour exclure les usages ayant déjà des alternatives avérées", a indiqué le ministre.
Le glyphosate est particulièrement utilisé en viticulture, en arboriculture et pour certaines cultures céréalières. "Dans la viticulture, ça peut aller très vite et être une conversion totale", estime le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume. De son côté, François de Rugy a souligné que "la SNCF est le premier utilisateur de glyphosate pour désherber les voies". Et de préciser que toutes les AMM concernant des produits utilisés par le grand public "tomberont d'ici la fin de l'année", puisque l'interdiction relative à ces usages entrera en vigueur au 1er janvier 2019.
Un délégué interministériel et un centre de ressources
Un délégué interministériel sera nommé pour assurer le suivi du plan de sortie du glyphosate. Il s'agit du préfet Pierre-Etienne Bisch, qui est également responsable de la cellule d'expertise sur la gestion de la ressource en eau dans le domaine agricole, mise en place fin 2017 par les deux ministères.
Par ailleurs, dans le cadre du projet de loi de finances 2019, le gouvernement prévoit une hausse de la taxation pour pollution diffuse. Cette hausse devrait être de 50 % pour le glyphosate dès le 1er janvier 2019, représentant 1€ de plus par kilogramme vendu, a indiqué François de Rugy. Les 50 M€ de revenus supplémentaires que devrait générer cette évolution chaque année seront utilisés pour développer l'agriculture biologique et financer les actions mises en place dans le cadre du plan Ecophyto2+. Ce plan sera mis en consultation mi-novembre, a précisé François de Rugy.
Enfin, d'ici la fin de l'année, "un centre de ressources sur le glyphosate sera disponible", a indiqué le ministre de l'Agriculture. Ce centre devrait diffuser les pratiques alternatives, et notamment les solutions de biocontrôle.