Disposer d'une offre de technologies bas carbone accessible à tous, tel est l'un des quatre enjeux industriels identifiés par le gouvernement, dans le document de travail du gouvernement sur la transition énergétique (1) , qui a filtré ce weekend. L'objectif est de mettre à la portée de tous une gamme de solutions permettant d'engager la transition énergétique, et de ne pas limiter ces technologies "à un segment premium réservé aux plus riches". La note cible particulièrement le chauffage individuel et l'automobile.
"La bascule vers des technologies bas-carbone ne se fera qu'avec l'augmentation progressive de la fiscalité carbone qui pénalise les énergies carbonées (chauffage au fioul, au gaz naturel, voiture à essence ou au diesel) au profit des solutions décarbonées (pompes à chaleur, biogaz, véhicules hybride rechargeable, véhicule électrique), souligne la note. A court terme, cela impacte fortement le pouvoir d'achat des ménages qui n'ont pas les moyens d'investir dans des solutions alternatives qui sont souvent comparables en matière de coût complet (TCO) mais qui nécessitent un investissement initial difficile à porter". Une analyse qui fait écho à la grogne des automobilistes face à la hausse du prix des carburants. Ils multiplient, ces derniers jours, les appels au blocage des routes, le 17 novembre prochain.
Concrètement, le gouvernement veut inciter les industriels à développer des "produits bas-carbone d'entrée de gamme". Il demande également la mise en place "de solutions de financement adaptées (leasing (2) , LOA (3) , LLD) (4) qui permettent à la classe moyenne de basculer vers des solutions bas-carbone sans s'endetter, ni augmenter sensiblement leurs charges annuelles". Ces solutions devraient être développées pour les voitures individuelles, mais aussi pour les dispositifs de chauffage. Une réflexion serait d'ailleurs en cours sur le segment des chaudières, précise la note.
Bâtiment : baisser les coûts des matériaux et des technologies
Les travaux autour de la stratégie bas carbone (SNBC) montrent qu'il faudra atteindre un rythme de 700.000 rénovations performantes par an en moyenne sur la période 2018 - 2050. Pour cela, le prix des matériaux peu carbonés devra baisser, pour atteindre au minimum le prix des autres matériaux. Les isolants devront être améliorés, pour conjuguer meilleures performances et baisse des coûts. La note de travail préconise de fixer des objectifs à horizon 2022 et 2030.
Les pompes à chaleur (sans HFC) devront être déployées massivement dans les maisons individuelles, ainsi que les technologies intelligentes de maîtrise de la demande. L'objectif est "d'améliorer les performances et réduire le coût du pilotage de la consommation énergétique des appareils domestiques et du chauffage, afin de réduire les consommations (efficacité énergétique et économies d'énergie) par l'adaptation de la consommation aux usages réels [et] l'information des consommateurs", souligne la note. Quant à la production décentralisée d'énergie, notamment photovoltaïque, une trajectoire de baisse des coûts pour atteindre une parité réseau en 2025 devra être définie. Des solutions devront également être développées pour permettre une production adaptée au profil de consommation, avec "pas ou peu d'injection sur le réseau". Le gouvernement mise ainsi sur l'autoconsommation, le pilotage des consommations, le stockage ou encore la recharge intelligente des véhicules électriques "pour garantir de façon pérenne un moindre appel au réseau d'électricité ou de gaz (…) à un coût acceptable". La question du pilotage de la puissance pourrait être intégrée dans les futures réglementations des bâtiments.
Mobilité : 3 litres/100 km
En matière de mobilité, le gouvernement a prévu, dans le cadre du plan climat, la fin de la vente de véhicules thermiques neufs en 2040. Auparavant, des objectifs d'amélioration incrémentale de la performance des moteurs thermiques devront être fixés à horizon 2022 et 2030. La cible serait le développement de véhicules consommant 3 litres aux 100 kilomètres, d'après les travaux menés autour de la SNBC.
Des objectifs pourraient être fixés afin "d'électrifier 100% des gammes des constructeurs en 2025 (électrique pur ou hybride rechargeable)". La trajectoire de conversion du stock de véhicules en circulation vers des véhicules à basses émissions est à préciser, indique la note de travail. Enfin, le document mise sur le déploiement de flottes de véhicules à hydrogène "faible en volume, mais important pour acquérir la technologie et l'expérience de l'exploitation".