Ce vendredi 28 septembre, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) publie un avis sur Linky (1) et les compteurs d'électricité communicants. L'Agence "soutient le déploiement des compteurs communicants qui présentent de réels bénéfices pour le consommateur, la collectivité et la transition énergétique". Elle estime en particulier que les données de consommation collectées par Linky sont très utiles pour favoriser les économies d'énergie. Mais, pour l'instant, celles-ci sont peu et mal utilisées. Arnaud Leroy, président de l'Ademe, propose donc que soient organisées des conférences citoyennes régionales annuelles afin d'identifier les besoins et d'y répondre.
Connaître sa consommation pour la réduire
Le principal thème de l'avis de l'Ademe est la précision des données de comptage fournies par le nouveau compteur et son potentiel pour la transition énergétique. De manière générale, les études sur Linky montrent que l'accès à une information précise permet aux consommateurs d'engager des actions de réduction des consommations. Cet accès facilite notamment les petits gestes au quotidien et le choix d'équipements moins énergivores, voire conduit à isoler son logement. "Pour les particuliers, ces économies d'électricité peuvent aller de quelques pourcents jusqu'à 10% pour les plus gros consommateurs". Une expérience menée à Lyon (Rhône) auprès de 32.000 foyers a montré que le simple envoi d'un rapport sur leur consommation d'électricité assorti d'une comparaison avec des foyers similaires"a entrainé une baisse de consommation de 0,9% en moyenne sur l'ensemble du panel". Cette baisse a même atteint 1,8% en moyenne pour les 25% de foyers les plus consommateurs. Le constat est similaire pour les "petits" professionnels qui bénéficient des mêmes services d'accompagnement, mais ont des consommations plus élevées.
Quant aux collectivités, aux bailleurs et aux copropriétés, ils peuvent aussi obtenir des données plus fiables des consommations agrégées par bâtiment pour agir sur leur patrimoine ou conseiller leurs habitants. C'est le cas des collectivités "full Linky" qui peuvent travailler sur la rénovation énergétique, grâce aux données de consommation énergétique agrégées et anonymisées. Enfin, les nouveaux compteurs permettent aux gestionnaires du réseau de distribution de mieux connaître l'état du réseau et d'accompagner l'installation des énergies renouvelables décentralisées et l'arrivée des véhicules électriques.
Adapter les données et les discours aux besoins
Pour autant, "l'installation des compteurs communicants ne se suffit pas à elle seule". Pour que les promesses de Linky se concrétisent il est indispensable que l'ensemble des acteurs (l'Etat, les fournisseurs d'électricité, les collectivités, ou encore les syndicats d'énergie) communiquent auprès des consommateurs. Il faut notamment "[engager] des actions de pédagogie permettant aux particuliers de mieux comprendre le rôle de chaque acteur, les transformations à l'œuvre dans l'énergie, les fonctionnalités du comptage communicant et ses bénéfices, pour pouvoir pleinement en profiter".
Cette communication doit tout d'abord viser une meilleure compréhension et évaluation de la consommation. Il faut mieux connaître son niveau de consommation et faire le lien avec ses habitudes. L'Ademe estime en particulier que la piste la plus prometteuse est le suivi de la consommation dans le temps. Il faut ensuite inciter les consommateurs à faire des économies d'énergie. "L'utilisation de la norme sociale (comparaison avec des pairs, émulation), le recours à des jeux où les participants s'engagent sur un objectif de réduction d'énergie, l'information en temps réel", sont autant de sources de motivation. Enfin, il faut personnaliser le discours en délivrant des conseils très adaptés aux situations et contraintes propres.
Reste un problème de taille : l'accès aux données. Celui-ci n'est pas particulièrement difficile, mais la plupart des acteurs expliquent que très peu de consommateurs font la démarche. Aujourd'hui, les données de consommation au pas de la demi-heure ne sont récupérées que pour 3% des quelque 13 millions de consommateurs équipés de Linky. Pour résoudre cette difficulté, Arnaud Leroy propose que les acteurs de l'énergie réfléchissent à une conférence citoyenne pour discuter de l'utilisation des données et de leurs appropriations. Cette conférence pourrait être annuelle et à l'échelle régionale pour aborder les spécificités locales de la consommation électrique. L'objectif est d'aboutir à des dispositifs de communication et de conseil co-construitsavec les consommateurs.