"Afin d'améliorer rapidement la qualité de l'air dans les zones urbanisées les plus polluées", l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) "recommande (…) d'agir prioritairement sur le parc roulant de véhicules anciens, en particulier le parc diesel non équipé de filtres à particules fermés : véhicules particuliers et véhicules de livraison ainsi que flottes captives (taxis, bus…) circulant dans les agglomérations". Telle est la principale conclusion d'un avis de l'Ademe sur les émissions de particules des véhicules routiers (1) , publié le 26 novembre.
Cet avis intervient alors que l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) publie un rapport qui évalue l'impact sur l'environnement des transports en Europe (2) . "Le rapport constate quelques améliorations, bien que ces dernières puissent être en partie attribuées à la baisse de l'activité économique durant la récession", résume l'AEE
Améliorer la qualité de l'air à court terme
Globalement, et indépendamment de l'horizon temporel, l'Ademe propose d'agir sur toute une série de leviers. "Pour l'Ademe,la diminution des impacts du secteur des transports passera par l'addition de plusieurs types d'évolutions", explique l'Agence qui propose une liste des leviers disponnibles : les besoins de déplacement, les modes de transport, les types de mobilité, les motorisations et les carburants. Et de conclure que "les enjeux de qualité de l'air en zone fortement urbanisée nécessitent tout particulièrement le développement de solutions de mobilité adaptées".
Reste que les mesures les plus structurantes (modification des besoins de déplacement par exemple) s'envisagent à long terme. Or, le temps presse, la France ayant de bonnes chances d'être condamnée à brève échéance par la Cour de justice de l'Union européenne pour le non-respect des normes européennes relatives à la qualité de l'air et applicables aux particules fines (PM10) en particulier.
Aussi, "à court terme, l'amélioration de la qualité de l'air nécessite la substitution par d'autres modes de transports moins polluants ou leur renouvellement par des véhicules plus récents et équipés de technologies plus propres", estime l'Ademe. Le constat de l'Agence est simple : d'une part "le parc actuel est encore faiblement constitué de véhicules soumis à la norme Euro 5" qui s'applique depuis septembre 2009 et d'autre part "les Zones d'actions prioritaires pour l'air (Zapa) (…) ont démontré leur efficacité en Europe comme mesure court terme".
Renouvellement du parc
"Depuis les années 1990, des normes strictes et des technologies performantes ont permis de réduire drastiquement les émissions de particules des véhicules neufs", rappelle l'Ademe qui évoque en particulier les filtres à particules "fermés". Cependant, ce processus d'amélioration atteint aujourd'hui un niveau à partir duquel peu de progrès sont envisageables.
"Au-delà de la norme Euro 6 pour les véhicules particuliers, de nouvelles réductions d'émissions primaires à l'échappement seront de plus en plus difficiles à atteindre", prévient l'Ademe, ajoutant que "chaque nouveau dispositif de dépollution est susceptible de générer d'autres types d'émissions primaires ou secondaires (…) soupçonnées de produire des impacts sanitaires graves".
Bien sûr, le renouvellement du parc automobile est déterminant pour la diffusion des meilleures techniques. Pour l'instant, "le parc de véhicules anciens reste fortement émetteur de particules fines, en particulier les véhicules diesel non équipés de filtres à particules fermés". Bien que commercialisés depuis le début des années 2000, les filtres à particules (toutes technologies confondues) n'équipent actuellement que 23,8% du parc de véhicules diesel en circulation.