Selon les derniers chiffres présentés par l'Agence bio ce mercredi 6 février, la demande en produits issus de l'agriculture biologie a continué de croître en France en 2012. Les consommateurs français ne cessent de renouveler "leur confiance" à la bio en dépit de "difficultés financières liées à la crise", s'est félicité François Thierry, président de l'Agence qui est groupement d'intérêt public.
Plus de consommateurs réguliers
"La consommation poursuit son essor. Les nouvelles sont bonnes !", estime Elisabeth Mercier, la directrice de l'Agence. Les chiffres du dernier sondage de l'Institut CSA venant confirmer la tendance. Ainsi, 64% des Français déclarent avoir consommé du bio en 2012. 43% se disent consommateurs réguliers (au moins une fois par mois) : un chiffre en hausse alors qu'ils étaient 40% en 2011. Parmi ces "réguliers", 15% d'entre eux qualifiés de "bio-hebdos" en consomment toutes les semaines et 8% ("les bio-quotidiens") tous les jours ! Plus de la moitié des consommateurs "réguliers" sont des acheteurs "fidèles" de bio depuis 12 ans, souligne l'Agence.
Aujourd'hui, près de 4 foyers sur 10 (38%) ont régulièrement acheté bio en 2012 "malgré le contexte économique difficile", contre 33% des foyers en 2011, ajoute-t-elle. Soit une progression de 5% des foyers. "Le consommateur de base ne cesse d'élargir son panier à la bio. Souvent, il commence par un produit frais tel que le lait, les œufs, un légume", rappelle Elisabeth Mercier. Selon l'enquête CSA, les fruits et légumes bio restent les produits les plus achetés des consommateurs (84%), suivis des produits laitiers (72%), des œufs (71%) mais aussi des produits d'épicerie et l'huile (58%), des boissons (44%) et enfin de la viande (43%).
Mais l'achat de produits bio autres qu'alimentaires a également augmenté en 2012, selon l'Agence : 49% des Français déclarent en acheter (contre 44% en 2011). Il s'agit principalement de produits d'entretien ménager (38%) et de cosmétiques (28%).
Côté circuits de distribution : le premier lieu d'achat des produits biologiques reste les Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) qui "gagnent du terrain" en 2012 et concernent 80% des consommateurs (contre 65% en 2011), au détriment des marchés (32% en 2012 contre 43% en 2011). Viennent ensuite, et "comme les années passées" : la ferme (26%), les magasins spécialisés (25%) et les artisans (23%).
Plus de produits "made in France"
La dynamique du marché bio devrait néanmoins ralentir en 2012 pour atteindre un chiffre d'affaires de 4,1 milliards d'euros (contre 3,9 milliards en 2011), prévoit l'Agence. Ce qui représente seulement 2,4% du marché alimentaire national pour l'heure. Et un taux de croissance des ventes divisé par deux en moyenne (+5% en 2012 contre +11% en 2011). Alors que 77% des Français non-consommateurs évoquent la "cherté" des produits, qui reste leur principal frein à l'achat, selon l'enquête.
Mais la directrice de l'Agence reste confiante : "La consommation bio est un phénomène structurel. Nous sommes loin de la mode ou d'une niche. C'est une vraie tendance de fond". D'autant que 54% des consommateurs déclarent avoir maintenu leur budget dédié au bio en 2012 et 25% disent même l'avoir augmenté, selon le sondage. S'agissant des prix : 41% des Français estiment de leur côté "normal de payer plus cher" un produit bio. Ils étaient 36% en 2011.
Moins de conversions et attentisme de la filière
"Cette consommation reflète la dynamique de conversion des agriculteurs des années précédentes et l'intérêt pour les produits made in France", a souligné Mme Mercier.
Mi-2012, la part du bio en surfaces cultivées a passé la barre du million d'hectares (+6% par rapport à 2011). Les surfaces certifiées (850.000 ha) sont également en hausse de 22%. Le nombre de producteurs bio a augmenté de 6% en 2012 par rapport à 2011. Fin 2012, plus de 24.400 producteurs étaient engagés en bio, portant la part des exploitations bio dans l'ensemble des exploitations agricoles françaises à 4,75%.
Résultat : l'augmentation de la production bio française réduit les importations, qui passent de 38% en 2009 à moins de 30% en 2012, selon les estimations. Ce qui a permis d'augmenter la part des produits consommés made in France : viande (99%), oeufs (99%), produits laitiers (89%), pains et farines (68%)et fruits et légumes (52%).
Mais les surfaces en conversion connaissent une décélération de leur croissance et représenteraient désormais 180.000 ha (contre 275.841 ha fin 2011), soit 17% de la surface bio totale. La raison ? L'augmentation des surfaces arrivées au terme de la période de conversion "est encore plus importante dans des secteurs comme la vigne où plus de la moitié des surfaces bio était en conversion de 2009 à 2011".
"La baisse de régime n'est pas durable. On a déjà connu des phases en escalier qui peuvent être liées à des questions sanitaires" et l'impact des pesticides qui a entraîné le boom des conversions dans le secteur des vignes, explique François Thierry. Auquel s'ajoute l'attentisme des exploitants face aux politiques publiques de soutien aux acteurs et les aides européennes de la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC). D'autant qu'en juin 2013, le gouvernement doit présenter un nouveau Plan bio, afin de doubler la surface agricole utile (SAU) bio d'ici fin 2017 pour passer de 3,8% fin 2012 à près de 8%.
"L'agro-écologie qui s'apparente en France aux cultures raisonnées et pas à la bio" figure aussi parmi les causes de ralentissement des conversions pointées par M. Thierry, également éleveur bio des Vosges.
"Il y a un plan Ambition Bio et nous en tant que producteurs, nous serons vigilants à ce que soit définie l'agro-écologie qui n'est pas un système abouti et finalisé", a déclaré M. Thierry. Or, ce plan "doit se traduire par une progression vers le bio" qui, reconnaît-il, n'est pas "une fin en soi mais un cheminement" parmi les modèles agricoles les plus respectueux de l'environnement.