Prise en tenaille entre le Quai d'Orsay et Bercy, arbitrée à Matignon, verrouillée par l'Elysée, la politique de développement française laisse peu de place à l'improvisation. Même si, dans l'entourage du ministre Pascal Canfin, officiellement en charge de ce dossier, on assure avoir les mains libres.
Après les assises du développement, l'Agence française de développement (AFD) est le second chantier de l'ancien eurodéputé vert. Fidèle à ses principes, le ministre entend faire de la banque un établissement exemplaire en termes de transparence et de respect de l'environnement.
Pas de recette miracle
Aujourd'hui, l'AFD finance, dans les pays pauvres ou émergents, des projets liés à l'énergie, l'eau, les infrastructures, la santé, l'éducation… La gamme n'est pas restreinte. Chaque dossier de financement doit désormais comporter un avis "développement durable", censé orienter la décision du Conseil d'administration de l'AFD. La décision de l'agence sera fondée sur cinq critères : l'investissement dans des modes de production et de consommation "responsables", la lutte contre la pauvreté, contre les inégalités, la biodiversité et le changement climatique.
La démarche est novatrice. "L'algorithme qui permettrait de classer un projet et sa contribution au développement durable, et faisant l'objet d'un consensus international, n'existe pas aujourd'hui", explique le directeur du département du pilotage stratégique et de la prospective à l'AFD, Bernard Esnouf. La méthodologie, en cours d'expérimentation, fera l'objet d'un premier bilan d'étape, jeudi 28 mars, et devrait être opérationnelle d'ici la fin de l'année 2013.