D'une manière générale, plus l'activité agricole est importante aux environs des sites de mesure, plus le nombre de pesticides retrouvés dans l'air est élevé et les concentrations importantes. Le plus grand nombre de pesticides (29) a ainsi été mesuré à Bois Herpin dans l'Essonne, commune située sur le plateau de la Beauce où les activités agricoles sont très importantes. Sur les autres sites, le nombre de pesticides mesurés était un peu plus faible mais dans des proportions à peu près identiques avec une vingtaine de pesticides retrouvés : 23 à Coulommiers, 20 à Chelles, 20 à Gennevilliers et 19 à Paris. Le type de produits retrouvés est également assez homogène d'un site de mesure à l'autre : des herbicides et des fongicides à 80%.
Ces résultats s'expliquent à la fois par une utilisation non négligeable des produits phytosanitaires en zone non agricole et par un transport atmosphérique vers l'agglomération parisienne des pesticides utilisés en zone cultivée.
L'étude met également en évidence une contamination par les produits phytosanitaires différents dans l'air que dans des eaux. Ainsi, les composés les plus fréquemment retrouvés dans l'air ambiant (comme la trifluraline et la pendiméthaline, ainsi que le chlorothalonil pour lequel les concentrations atmosphériques ont été les plus élevées) ne ressortent pas des observations faites dans les eaux. De plus, certains produits comme le lindane (désormais interdit) persistent dans l'atmosphère alors que l'atrazine (interdite depuis 2003) persiste dans les eaux de surface, mais pas dans l'air.
Enfin, selon les modes d'application, 25 à 75% des produits appliqués se retrouveraient dans l'atmosphère, soit au moment du traitement soit après, en se volatilisant.
Face à la toxicité reconnue pour la santé comme pour l'environnement des produits identifiés, Airparif estime que des études mettant en avant les effets d'une exposition prolongée à ces substances demandent à être poursuivies et complétées. En effet, alors que la contamination des eaux est étudiée par différents organismes réunis au sein du groupe régional Phyt'eaux Propres ou du programme interdisciplinaire de recherche PIREN-Seine, il n'existe pas d'obligation réglementaire de mesurer les pesticides dans l'atmosphère. Leur présence dans l'air ambiant francilien n'avait encore jamais fait l'objet d'études approfondies.
Rappelons qu'en ce qui concerne les grandes cultures, la quantité de pesticides appliquée en 2001 en Ile de France, tous usage confondus, a été évaluée à 1.235 tonnes de matière active, soit une dose moyenne de 2,1 kg par hectare de culture.
La présence de ces pesticides confirme l'urgence pour la France de mettre en place un plan de réduction d'utilisation des pesticides. C'est ce qu'ont ré-affirmé hier les parlementaires européens lors du vote en commission environnement concernant la directive européenne pour l'utilisation durable des pesticides, a estimé François Veillerette, président du MDRGF.