Les huit Etats du Conseil de l'Arctique (1) se sont réunis à Nuuk (Groenland) jeudi 17 mai 2011 afin de signer un accord relatif aux secours en mer dans cette région et discuter de l'exploitation durable des ressources de la zone.
L'Accord arctique de recherche et de secours, qui établit des règles importantes en prévision de l'accroissement du trafic maritime associé à l'exploitation des ressources du cercle polaire et à l'ouverture de nouvelles routes maritimes, constitue le premier accord officiel signé par les huit pays riverains de l'Arctique.
S'agissant de l'exploitation future des ressources minières, pétrolières et halieutiques, les membres du Conseil ont défendu une exploitation durable, à l'image de la secrétaire d'Etat des Etats-Unis, Hillary Clinton, qui a plaidé pour que "ces opportunités soient poursuivies d'une façon intelligente et durable qui préserve l'environnement et l'écosystème arctiques", rapporte l'AFP.
Course aux ressources
Cependant, au-delà des bonnes intentions et de l'entente de rigueur en de telles circonstances, il semble qu'il y ait de nombreux désaccords et des tensions persistantes entre les membres du Conseil de l'Arctique.
Des câbles diplomatiques révélés par wikileaks font référence, selon Greenpeace, à une "course aux ressources" mettant aux prises les membres du Conseil. Ainsi, certains signes, comme l'expédition russe qui avait planté un drapeau à la verticale du pôle Nord, font craindre aux diplomates américains "un potentiel accroissement des menaces militaires en Arctique."
Dans ce contexte, les grandes manœuvres semblent avoir débuté pour assurer l'influence des puissances dans la zone : quand la Russie réclame la propriété d'une vaste portion de l'Arctique, les Etats-Unis manoeuvrent pour prendre pied au Groenland anticipant une possible indépendance de la province autonome danoise. À ce sujet un câble s'inquiète de "l'influence accrue [de Greenpeace] auprès des Groenlandais [qui] les encouragera à résister à un mauvais choix entre les Etats-Unis et l'Europe."
Des tensions qui se confirment ce mardi 17 mai, puisque le Danemark s'apprêterait, comme la Russie, à revendiquer le pôle Nord, selon un document du ministère danois des Affaires étrangères consulté par la presse locale.
Chasse gardée des pays riverains
Par ailleurs, les notes diplomatiques font état des réticences de certains pays à laisser intervenir en Arctique des pays n'appartenant pas au Conseil. C'est notamment le cas du Canada qui juge que les négociations relatives à l'Arctique se déroulent sans tension et qui s'oppose à l'intervention de l'Otan soupçonnant que certains pays souhaitent influencer l'avenir d'une région "qui ne les regarde pas."
Pour Greenpeace, "les dirigeants des nations arctiques investissent dans du matériel militaire pour se battre pour le pétrole du sous-sol, pendant que l'on assiste à la fonte de la calotte glaciaire de l'Arctique, avec ses effets sur les changements climatiques." L'ONG juge que cette course aux réserves pétrolières de l'Arctique revient à "jeter de l'essence sur le feu", la combustion d'hydrocarbures étant à l'origine du réchauffement climatique et de la fonte de la banquise.