Le dernier rapport sur la situation mondiale du bâtiment et de la construction (1) , publié ce 9 novembre par l'Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction (GlobalABC), révèle que le secteur représentait, en 2021, plus de 34 % de la demande d'énergie et environ 37 % des émissions de carbone (CO2) liées à l'énergie et aux procédés.
Un rebond des émissions carbonées…
… Malgré un engagement en faveur de l'efficacité énergétique
Pourtant, en 2021, un « nombre croissant » de pays se sont engagés en faveur de l'efficacité énergétique ou la décarbonation des bâtiments qui figurent dans leurs plans climatiques ou leurs contributions déterminées sur le plan national (NDC) remises à l'ONU Climat (CCNUCC). Ainsi, 80 % des pays ont mentionné les bâtiments dans le cadre de leurs NDC (ou CDN), l'an dernier, au lieu d'environ 69 % en 2020. Parmi eux, vingt-trois pays ont révisé et mis à jour leurs NDC « en affirmant un plus grand engagement en faveur de l'efficacité et de l'adaptation des bâtiments ».
Le nombre de pays dotés de codes du bâtiment assortis de critères énergétiques est aussi passé de 62 en 2015, à 79 en 2021. En septembre 2022, 40 % des pays disposaient, en outre, de règlementations ou de codes obligatoires ou volontaires pour la performance énergétique des bâtiments ou, comme la France (avec la RE 2020) et le Danemark, de règlementations prenant aussi en compte l'empreinte carbone des nouveaux bâtiments. « Il s'agit d'un signe positif, car un nombre croissant de gouvernements reconnaissent le rôle que jouent les bâtiments dans leurs actions de décarbonation et prennent des engagements à cet égard », estiment les auteurs du rapport.
… et une hausse de leurs investissements
Les investissements mondiaux du secteur du bâtiment dans l'efficacité énergétique ont également augmenté en 2021, d'environ 16 % par rapport à 2020, pour atteindre un total d'environ 237 milliards de dollars US. « Cette augmentation a principalement eu lieu dans les pays européens disposant de programmes d'investissement public dans le domaine de l'efficacité énergétique, notamment l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie, parallèlement à des investissements soutenus aux États-Unis, au Canada et au Japon », précise le rapport.
Les auteurs mettent en avant, par exemple, l'initiative REPowerEU de l'Union européenne, qui vise à améliorer la performance énergétique des bâtiments, en accélérant les rénovations énergétiques, le développement des énergies renouvelables et des pompes à chaleur, ainsi que le recours aux mesures fiscales pour les produits économes en énergie destinés aux bâtiments. De même, la loi américaine sur la réduction de l'inflation (Inflation Reduction Act), votée début août, soutient l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables dans les bâtiments. Par conséquent, « il sera essentiel de multiplier ces engagements politiques et de se concentrer sur le maintien et l'augmentation des investissements, afin de faire baisser la trajectoire des émissions dans les années à venir », recommandent-ils. D'autant que le secteur du bâtiment va continuer de se développer, afin de répondre aux besoins des citoyens en matière de sécurité des logements et des lieux de travail, « mais sa croissance doit être conforme à l'Accord de Paris », insistent-ils.
Pour parvenir à un parc immobilier sans émissions de carbone d'ici à 2050, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que l'intensité énergétique des bâtiments doit baisser d'environ 35 % par rapport à son niveau actuel, pour atteindre environ 95 kilowattheures par mètre carré. Or, celle-ci est « restée largement inchangée depuis 2019 et doit s'améliorer à un rythme de 5 % par an d'ici à 2030 pour atteindre ces objectifs », ajoutent les auteurs. Et le taux de rénovation des bâtiments doit passer à 2,5 % par an (soit 10 millions de logements par an) d'ici à 2030 dans les économies développées.