« Les outils d'évaluation des émissions de gaz à effet de serre (GES) ne sont pas adaptés pour les activités eau et assainissement, il y a un petit travail à faire », constate Aïcha Jairy, directrice de la stratégie territoriale au Siaap). Pour mémoire, depuis 2010, les grandes entreprises, les établissements publics de plus de 250 personnes et les collectivités de plus de 50 000 habitants sont dans l'obligation de réaliser des bilans d'émissions de gaz à effet de serre (Beges).
Certaines collectivités se sont lancées dans une analyse propre à leur service et se sont retrouvées confrontées à un manque de cadre spécifique à l'assainissement, mais aussi à l'absence de facteurs d'émissions réellement liés aux différents traitements des eaux usées. Pourtant, en parallèle, des objectifs sont fixés : la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) demande une réduction de 66 % des émissions d'ici à 2050, par rapport à 2015, pour le secteur des déchets (qui inclut l'assainissement).
Adapter l'outil
« Nous avions besoin de savoir d'où nous partions pour objectiver les choses, complète Aïcha Jairy. La connaissance des postes les plus émetteurs permet de prioriser, d'être plus efficaces pour travailler sur les actions les plus pertinentes. »Le poids carbone des déchets
L'assainissement est inclus dans le secteur du traitement des déchets pour le bilan des gaz à effet de serre. Ce dernier a représenté 3,7 % des émissions totales de la France (hors puits de carbone) en 2020, selon l'inventaire du Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa).
Le Siaap s'est donc attelé à la révision de sa méthode d'évaluation, qui datait de 2010. « L'objectif de cette révision est d'intégrer toutes les émissions de GES directes, indirectes, biogéniques [non fossiles], évitées, réduites », précise Aïcha Jairy. Le syndicat a ainsi intégré les nouvelles exigences du décret Beges du 1er juillet 2022. Ce dernier élargit le périmètre du bilan, jusqu'alors centré sur les émissions directes de gaz à effet de serre liées aux activités (scope 1, notamment les émissions de protoxyde d'azote) et sur les émissions indirectes liées à la consommation d'énergie (scope 2), à l'ensemble des autres émissions indirectes, transports, achats, etc. (scope 3).
« Nous avons développé en interne, avec Antoine Quentin et Aurélie Langlamet, chargés de mission au Siaap, une adaptation de l'outil Ecam [Évaluation et suivi de la performance énergétique et des émissions carbone], notamment créé par l'Iwa [Association internationale de l'eau]. Nous l'avons adapté à nos spécificités et au décret Beges », explique Aïcha Jairy. L'outil est désormais opérationnel. « Pour l'année 2015, nous avons émis cinq fois plus que ce qu'évaluait notre précédent outil », indique Aurélie Langlamet, chargée de mission bilan de GES au Siaap.
Le Siaap prévoit de produire deux bilans : un réglementaire et un élargi, avec des résultats déclinés par usines de traitement des eaux usées, pour les réseaux et l'ensemble de l'activité du syndicat.