En 2019, l'Union européenne a révisé la classification des biocarburants, faisant basculer l'huile de palme dans la catégorie « non durable ». Cette modification s'est traduite par la fin des avantages fiscaux pour cette huile et une exclusion des produits à base d'huile de palme des objectifs d'incorporation de biocarburants.
Cependant, cette décision a entraîné un transfert de la demande vers d'autres huiles, et notamment l'huile de
soja, alerte l'ONG Transport & Environnement (T&E), dans une nouvelle étude :
« Avec la fermeture progressive du marché européen aux biocarburants à base d'huile de palme, le risque est grand d'importer en substitution de l'huile de soja qui est, après l'huile de palme, l'huile la moins chère sur le marché international ». Selon ses estimations, les importations d'huile de soja pourraient doubler, voire quadrupler d'ici 2030.
« En France, l'utilisation d'huile de soja a déjà quintuplé entre 2014 et 2019. Avec l'entrée en vigueur, depuis le 1er janvier 2020, de l'exclusion de l'huile de palme brute des biocarburants, le phénomène pourrait prendre de l'ampleur », prévient l'ONG.
L'huile de soja est majoritairement importée d'Amérique du Sud, où ces cultures sont responsables de
déforestation et de destruction de milieux naturels. Résultat :
« Remplacer les carburants fossiles par des biocarburants à base d'huile de soja entraîne deux fois plus d'émissions de gaz à effet de serre »,
estime T&E. L'ONG demande donc une révision de la réglementation européenne, pour que l'huile de soja soit classée comme matière première à fort risque de déforestation.
Lors de l'examen du
projet de loi de finances pour 2021, les députés français ont adopté, de justesse et contre l'avis du Gouvernement, plusieurs amendements excluant de la liste des biocarburants les produits à base d'huile de palme, mais aussi à base d'huile de soja. Ce qui se traduirait par une suppression des avantages fiscaux pour ces produits à partir de 2022 en France.
Article publié le 10 novembre 2020