Ces derniers mois, le contexte réglementaire lié aux déchets organiques et à leur valorisation matière, par méthanisation notamment, a évolué positivement. En 2011, plusieurs textes ont été publiés afin d'encadrer l'injection du biogaz dans le réseau de gaz naturel : déchets acceptés, conditions à respecter pour les fournisseurs, tarif d'achat, conditions des contrats d'injection, mise en place de garanties d'origine, etc.
En parallèle, la loi impose désormais aux gros producteurs de déchets organiques de les valoriser garantissant un approvisionnement suffisant aux acteurs du marché du compostage et de la méthanisation. Dans une étude intitulée "Le marché du biogaz à l'horizon 2015-2020 – Dynamique par filière et décryptage du modèle économique d'un projet", le cabinet Xerfi estime ce nouveau gisement de biodégradables à plus de 425.000 tonnes par an et constate "[qu'il] attise les convoitises des spécialistes de la méthanisation et du biogaz". Toutes les conditions semblent ainsi réunies pour "booster" le secteur. Les experts de Xerfi prévoient ainsi un triplement du marché à l'horizon 2020 et une hausse du nombre d'installations.
Un décollage du marché prévu pour 2013
Si le marché européen du biogaz est actuellement concentré autour de la Suède et de l'Allemagne, la France est l'un des marchés les plus prometteurs. Il sera surtout tiré par la méthanisation agricole selon Xerfi : "la méthanisation agricole est entrée dans une nouvelle phase de croissance depuis le milieu des années 2000. 30 projets sont actuellement en construction". L'Etat a en effet mis en place plusieurs dispositifs pour favoriser cette pratique et notamment le fonds chaleur et le plan de performance énergétique des exploitations agricoles.
Le développement du marché du biogaz s'appuiera également mais de manière moins marquée sur les centres de stockage de déchets et les stations d'épuration qui s'équipent d'unité de valorisation énergétique du biogaz, et, dans une moindre mesure, sur la méthanisation des ordures ménagères. Le cabinet Xerfi semble convaincu que "bien que bénéficiant d'un potentiel énergétique important, le nombre d'installation de ce type sur le territoire français ne décollera pas. Seulement 2 installations verront le jour à l'horizon 2013, et il n'y avait que 5 sites à l'état de projets en 2011", rappelle-t-il.
Des projets encore tributaires des subsides publics
Pour l'instant et en attendant le développement du marché, le secteur semble encore avoir besoin des dispositifs de soutien public. Dans son étude le cabinet Xerfi constate que les projets sont encore peu rentables : "le retour sur investissement d'une usine de méthanisation agricole reste long. Il est en moyenne de 3 à 5 ans grâce aux aides publiques" et de 8 ans sans ces aides. Une situation qui peut s'expliquer par des coûts de construction 1,7 à 2,3 fois plus élevés qu'en Allemagne pour cause de manque de maturité de la filière par rapport au voisin outre-Rhin et d'équipementiers français.