Suite au Livre blanc de 1997 établissant une stratégie et un plan d'action communautaire en matière d'énergies renouvelables, les Etats membres ont mis en place les conditions nécessaires au développement de cette énergie renouvelable. Résultat, selon le dernier rapport d'EurObserv'er, en 2006, la production de biogaz est encore en augmentation avec une croissance de 13,6% par rapport à 2005, soit une production totale de 5.346,7 ktep (tonnes équivalent pétrole). Comme en 2005, le gisement des décharges représente la part la plus importante de la production (3.116,2 ktep). En revanche, le biogaz de méthanisation n'est plus majoritairement représenté par les stations d'épuration puisque la catégorie « autres biogaz » les devance, notamment grâce au développement des applications de biogaz à la ferme.
Côté valorisation, la production d'électricité est en très forte hausse (+ 28,9 %, soir un total de 17,3 TWh), notamment grâce à une importante augmentation de l'électricité produite en cogénération. Cette dernière précède pour la première fois l'électricité produite seule.
L'Allemagne n'est pas étrangère à ce développement de la production d'électricité issue de biogaz. À la fin de l'année 2006, environ 3.500 unités biogaz étaient en service. La production d'électricité du secteur aurait ainsi augmenté de 55,9 % en 2006 pour atteindre un total de 7,3 TWh. Ce succès s'explique par l'application d'un tarif d'achat particulièrement attractif pour les petites centrales de production d'électricité issue de la biomasse. Le tarif d'achat s'établissait en 2006 à 17,16 c€/kWh jusqu'à 150 kW, 15,63 c€/kWh jusqu'à 500 kW, 12,64 c€/kWh jusqu'à 5 MW et à 8,15 c€/kWh jusqu'à 20MW.
Le Royaume-Uni a également gonflé les statistiques européennes même s'il a cédé sa première place à l'Allemagne. La croissance de la production d'énergie primaire y est essentiellement due à une augmentation de la production d'électricité issue du gaz de décharge. Ce type de biogaz a particulièrement bénéficié du système de certificats verts, Renewable Obligation Certificates (ROCs), qui impose aux fournisseurs d'électricité d'augmenter chaque année la part de l'électricité renouvelable dans la production totale. Le niveau d'obligation, qui était de 6,7 % sur la période 2006/2007, va progressivement augmenter jusqu'à 15,4 % en 2015. Les fournisseurs peuvent alors produire directement de l'électricité d'origine renouvelable ou acheter des certificats à des producteurs d'électricité renouvelable. Quand l'objectif n'est pas atteint, le fournisseur doit payer une amende de 32,33 £ soit 47,22 € par mégawattheure manquant.
La France quant à elle ne se retrouve qu'à la 5e place en termes de production de biogaz derrière l'Italie et l'Espagne et sa production de biogaz n'a augmenté que de 3,2% entre 2005 et 2006 pour atteindre 227 ktep. Mais l'année a été marquée par la publication en juillet de nouveaux tarifs suffisamment attractifs pour développer l'ensemble des différentes applications. Ces nouveaux tarifs s'établissent entre 7,5 et 9 c€/kWh, selon la puissance de l'installation, auxquels s'ajoutent une prime à l'efficacité énergétique allant jusqu'à 3 c€/kWh ainsi qu'une prime à la méthanisation de 2 c€/kWh, et ce, pour une durée de quinze ans.
La Suède de son coté a beaucoup développé la production d'électricité (54 GWh en 2006) et de chaleur (20,7 ktep) mais également la production de carburant pour véhicules ainsi que la réinjection dans le réseau de gaz naturel remplaçant l'équivalent de 1,8 million de mètres cubes de gaz naturel par an. Sa politique incitative est basée sur des subventions aux gouvernements locaux et aux entreprises qui investissent dans les solutions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, défiscalisation pour l'achat de véhicules fonctionnant au biogaz carburant et mécanismes de certificats verts pour soutenir la production d'électricité.
Cependant, malgré la dynamique actuelle de la filière globale et les réels efforts réalisés ces dernières années par plusieurs pays membres, les objectifs que le Livre blanc avait fixés en 1997 (15 Mtep en 2010) risquent de ne pas être atteint selon EurObserv'ER qui prévoit seulement d'atteindre 8,6 Mtep.