Selon François Lefèvre, responsable politique du réseau Forêt à FNE, ''la ressource ligneuse est certes renouvelable, mais elle n'est pas inépuisable. Nous avons le devoir d'optimiser sa valorisation. L'inadéquation entre la ressource disponible éparpillée, à ramasser à la petite cuiller, et des besoins industriels fera échouer les gros projets énergétiques sauf à admettre de sacrifier les écosystèmes forestiers en misant tout sur une artificialisation accrue et intensive''.
A l'inverse ''l'exemple du projet mille chaufferies en milieu rural de la Fédération nationale des communes corestières, concrètement appuyé sur des démarches territoriales est ainsi beaucoup plus réaliste, pérenne et grenellement compatible. Ce doit donc être une stratégie d'approche prioritaire'', note FNE.
La programmation pluriannuelle des investissements (PPI) de production d'électricité pour la période 2009-2020 prévoit de multiplier par six la production d'énergie électrique issue de la biomasse entre 2006 et 2020, soit une hausse de la capacité installée de 520 MW en 2012 à 2.300 MW en 2020. ''La biomasse a certes une place importante dans le programme français sur les énergies renouvelables, mais ce qui devait être un moyen tend à se substituer à l'objectif de réduction des émissions de CO2. Il y a un énorme défaut de cadrage pour atteindre une efficacité énergétique à la hauteur des objectifs'', regrette FNE, rappelant que la majorité des projets retenus lors des précédents appels d'offre n'ont jamais vu le jour. Un constat partagé par une récente étude de SIA Conseil. Cependant, le cabinet de conseil a une tout autre lecture que FNE du non-aboutissement des projets. Selon lui, la filière manque de soutiens financiers.
Greenpeace s'inquiète au sujet d'un vaste projet biomasse au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, les associations environnementales soulèvent les mêmes questions que FNE après l'annonce de la conversion de la plus grosse centrale à charbon (4GW), Drax, à la biomasse d'ici la fin de la décennie. Selon le quotidien le Guardian, la première unité (660MW) pourrait être convertie à la biomasse dès l'an prochain.
Pour Joss Garman, chargé de campagne Energie à Greenpeace, ''il faut s'interroger sur l'opportunité d'utiliser la biomasse de cette façon. Employer la biomasse de manière durable est possible, il suffit d'exploiter cette ressource pour des moyens de production plus intelligents''.
Une étude de la Fédération britannique des industries forestières (Confor) mettait déjà en garde, en avril, contre le développement massif des filières du bois au Royaume-Uni et sur la disponibilité de la ressource et sa durabilité à terme. Selon cette étude, l'évolution de la demande à grande échelle pourrait avoir un impact très significatif sur le bois existant. Dans certains cas, la durabilité et le pouvoir de séquestration carbone des forêts pourrait être menacée.