L'association France nature environnement (FNE) a critiqué, mardi 22 mars 2011, la stratégie française de développement de la filière bois énergie. En particulier, FNE "s'interroge sur l'adéquation entre les projets et les territoires d'implantation" et estime qu'"une pause est urgente afin de faire l'état des lieux des nouvelles consommations de bois et de la ressource réellement disponible."
Le quatrième appel d'offres lancé par la Commission de régulation de l'énergie (CRE) pour l'installation de sites de production d'énergie à partir de biomasse "semble être celui de trop", estime FNE qui regrette qu'il aille "plus loin dans la logique du 'toujours plus' en passant un cap significatif puisque seules les installations supérieures à 12 mégawatts (MW) sont éligibles." FNE précise que la puissance moyenne des 16 projets déposés pour ce quatrième appel est de 27,5 MW.
Menace sur les ressources disponibles
Selon l'association, "il est [...] impossible de déterminer si la taille de chaque projet est adaptée au territoire d'implantation." En effet, "avec près de trois ans entre l'étude d'avant-projet à déposer à la CRE et la réalisation de l'installation, chaque nouvel appel est lancé sans savoir si la ressource envisagée sera encore disponible", déplore l'ONG.
Ce développement menacerait d'autant plus les ressources qu'"en parallèle, les projets locaux de chaufferies se multiplient à l'initiative des collectivités locales et la demande des particuliers explose." Pour FNE, ce développement "[ajoute] encore de la confusion au niveau local."
Dans ce contexte, FNE craint une surexploitation des forêts, un rallongement des distances de transport et un passage au gaz des centrales à biomasse en cas de pénurie de ressource.
De nombreux projets abandonnés
Paradoxalement, l'association rappelle qu'à l'issue des trois premiers appels d'offres de la CRE, "sur la quarantaine de projets retenus (dont une vingtaine pour le 3e appel), seul quelques-uns ont réellement vu le jour." Quant aux quatrième appel, l'association estime que "la stratégie semble vouée à l'échec du fait de la taille des projets retenus", étant donné que "plus les projets sont importants, moins ils aboutissent."