Selon les prévisions, les émissions de gaz à effet de serre de la France, issues pour les trois quarts de la consommation d'énergie, devraient être ramenées, d'ici 2020, à 437 MtCO2eq, soit une réduction de 21,8% par rapport aux émissions de 2005 (558 MtCO2eq). Et donc bien plus que la moyenne européenne, à 14%, s'est félicité le ministre. Selon lui, en intégrant les mesures du Grenelle de l'environnement, la consommation finale d'énergie devrait atteindre 167 millions de tonnes équivalent pétrole (MTEP) en 2020 contre 177 Mtep aujourd'hui, soit une diminution de 17% au regard de l'évolution tendancielle prévue (202 Mtep).
Électricité : développer les énergies renouvelables et le nucléaire…
Pour faire évoluer le mix énergétique vers des énergies moins carbonées, la France compte sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Concernant les énergies renouvelables, l'énergie produite devrait croître de 50% d'ici 2012, et de 120% d'ici 2020. A cette échéance, leur part dans le mix énergétique devrait atteindre 23% comme prévue par les objectifs fixés à la France dans le cadre du Paquet Energie/Climat Européen, et la production globale s'élever à 36 Mtep. Toutes les énergies renouvelables sont concernées : il faut multiplier par 400 la production du solaire photovoltaïque, par 2 celle de bois-énergie, par 10 celle de l'éolien, par 6 la géothermie et par 12 les réseaux de chaleur, a précisé Jean-Louis Borloo.
Cette forte croissance des ENR ne sera pas sans poser de questions d'acceptabilité qu'il faudra traiter, a souligné lors de la conférence de presse Pierre-Franck Chevet, chef de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) et présent au côté du ministre lors de la présentation du programme. Une nouvelle organisation de la recherche et un soutien à l'émergence de filières industrielles de rang mondial seront mis en place. On ne peut pas être un grand pays en étant absent de la compétition mondiale en matière d'énergies renouvelables. Toutes ces énergies, y compris les énergies marines, ouvrent des champs de développement industriel et d'emplois. Pour développer une filière, il est indispensable de disposer d'un marché domestique, a résumé le ministre.
Parallèlement les réacteurs nucléaires de troisième génération de Flamanville seront mis en service en 2012 et en 2017 pour ceux de Penly.
… et réviser la production thermique
Autres conditions prévues par la feuille de route : la révision du parc de production thermique d'électricité qui sert à répondre notamment aux besoins en période de pointe. La moitié des centrales à charbon seront déclassées d'ici 2015 et remplacées par des centrales à gaz, moins polluantes et aucune nouvelle centrale à charbon ne pourra être autorisée sans mise en place d'une chaîne complète de démonstration de captage, transport, et stockage du dioxyde de carbone, dans l'attente de la disponibilité des technologies de capture et stockage du CO2.
Chaleur : structurer la production basée sur la biomasse
Dans le domaine de la chaleur, le nombre de logements raccordés à des réseaux collectifs devra au moins être multiplié par deux, à l'horizon 2020, et la priorité sera donnée à la chaleur renouvelable, le plus souvent issue de biomasse. De nouvelles mesures législatives et réglementaires sont ainsi prévues, notamment dans le projet de loi portant engagement national pour l'environnement, et une partie du fonds chaleur renouvelable sera consacrée aux réseaux de chaleur. Concernant la biomasse, Pierre-Franck Chevet estime toutefois nécessaire de maîtriser la pollution atmosphérique et de disposer d'observatoires de la ressource et des besoins afin de bien cerner le potentiel disponible et de prévenir les risques de conflit d'usages et de difficultés d'approvisionnement. Les plans d'approvisionnement des projets biomasse énergie dans le cadre du fonds chaleur renouvelables et des appels d'offres cogénération biomasse seront ainsi expertisés par les cellules biomasse, afin que se structurent les filières locales.
Gaz : sécuriser l'accès à la ressource
Enfin, dans le domaine du gaz naturel, les enjeux de sécurité d'approvisionnement rendent nécessaire l'accélération des investissements dans le domaine du transport, du stockage et des terminaux méthaniers, a expliqué Pierre-Franck Chevet. Le ministère soutient ainsi les projets de terminaux méthaniers mais qui se situent dans des zones adaptées, notamment d'un point de vue environnemental.
Si le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a accueilli favorablement ces PPI pour la place donnée aux énergies renouvelables, il n'en est pas de même pour l'organisation Greenpeace. Dans un communiqué daté du 2 juin, l'organisation dénonce, à l'inverse du Ministre, un programme en contradiction avec le Grenelle de l'Environnement et le paquet Energie/climat européen, détourné pour planifier de facto un deuxième EPR sans qu'aucune justification énergétique n'ait été apportée. Autre désaccord : le projet de terminal charbonnier de Cherbourg, actuellement en attente d'autorisation. Ce sont jusqu'à 4,5 millions de tonnes de charbon qui transiteraient par Cherbourg, soit l'équivalent de 10 à 11 millions de tonnes de CO2 émises au final dans l'atmosphère. A l'heure où la communauté européenne s'est engagée à réduire ses émissions d'au moins 20% d'ici 2020, un tel projet est totalement incohérent, déplore l'organisation.
Les PPI seront évaluées par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) et transmis au Parlement, avant de faire l'objet d'un arrêté publié au Journal Officiel.