C'est pour faire face à cette demande que Gaz de France et Villa Soleil, en partenariat avec des industriels du secteur* et le soutien de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME) ont réalisé une première maison environnementale, inaugurée en juin 2006. Simplicité traditionnelle et respect des principes bioclimatiques, intégration de solutions techniques à faible impact sur l'environnement et dispositifs verts astucieux, caractérisent cette bastide traditionnelle de 148 m2 habitables avec 5 chambres, destinée à un usage locatif. Implantée en lotissement dans la périphérie de Bourg-lès-Valence dans la Drôme, la construction privilégie le confort de ses occupants et la chasse au gaspillage grâce à une consommation énergétique réduite de moitié. Le défi ? Bâtir une maison bioclimatique et environnementale performante, facilement reproductible pour être adaptable à tous types de projets individualisés, explique Laurent Beaugiraud, PDG de Villa Soleil, soucieux que cette démarche exemplaire puisse être proposée aux quelques 200.000 acquéreurs d'une maison neuve chaque année. Le coût de ces solutions environnementales représente de 7 à 9% du prix de la vente de la maison estimé à 280.000 euros (80.000 pour le terrain et 200.000 pour la maison seule).
À titre de parrain de la maison bioclimatique, Nicolas Vanier, aventurier, explorateur, écrivain et cinéaste, s'était déplacé à Valence le 21 septembre 2006 pour visiter cette maison et rencontrer ses locataires. Sous l'impulsion de Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, la secrétaire d'État chargée de l'écologie et Jean Louis Borloo, ministre de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables, sont partis la visiter fin juillet à l'occasion de leur premier déplacement de terrain dans le Gard et la Drôme sur le thème de l'habitat et de l'économie durables.
Pour profiter au mieux des ressources naturelles et se protéger des agressions climatiques, la maison tient compte des atouts et contraintes du site. Son implantation est ainsi optimisée sur le terrain avec des orientations Sud Est/Sud-Ouest. Afin d'éviter les déperditions énergétiques, les volumes architecturaux sont compacts et le cellier sert de tampon entre le garage et l'espace de vie chauffé. Les surfaces optimales des ouvertures (plus de 17 % de la surface habitable) et leur distribution (80 % des ouvertures orientées au Sud) permettent de profiter de la lumière et des apports solaires. À noter, les ouvertures du séjour sont en opposition. Les baies vitrées sont équipées de volets roulants double paroi en aluminium avec isolation intégrée. Les plus exposées sont dotées de brises soleil de 1,20 m de largeur, de manière à bénéficier du soleil d'hiver tout en se protégeant de la chaleur estivale. Le débord de toit est partout de 0,60 m et la baie de la cuisine comporte un auvent. Enfin, pour éviter la réflexion de la lumière, les terrasses sont décalées des ouvertures.
Les solutions techniques retenues visent un faible impact sur l'environnement. Ainsi, l'isolation thermo-acoustique des planchers, des plafonds et des murs, est renforcée par de la laine de verre, tandis que des rupteurs de ponts thermiques en assurent la continuité aux jonctions pour permettre de traiter 70 % des habituelles déperditions à cet endroit. Les fenêtres coulissantes en aluminium comportent des vitrages peu émissifs avec lame argon. Quant au contrôle de l'air intérieur, il est assuré par un système de puits canadien couplé à une VMC double flux. Principe : la ''températion'' géothermique utilise la température du sous-sol qui varie entre 12°C et 15°C, pour rafraîchir ou réchauffer de plus ou moins 3 à 5°C l'air neuf insufflé dans chaque pièce de la maison. À cet effet, l'air extérieur circule dans des tuyaux (35 m) rigides et lisses, enterrés à 1,80 m de profondeur. Un système by-pass favorise une prise d'air directe sur l'extérieur et la mise hors-gel.
L'installation de 4 m 2 de capteurs solaires en toiture du garage et d'un chauffe-eau solaire individuel permet de satisfaire gratuitement 70 % des besoins en eau chaude sanitaire des occupants. Le complément et le chauffage de la maison sont assurés par une chaudière gaz naturel à condensation et des radiateurs chaleur douce. Alimentés avec de l'eau à basse température, ces appareils - légèrement surdimensionnés par rapport à des radiateurs classiques - induisent une condensation plus importante à la chaudière, donc un meilleur rendement et des économies d'énergie supplémentaires ! En outre, leur chaleur plus homogène supprime pratiquement tous écarts de température entre le sol et le plafond.
On sait qu'un degré de chauffage supplémentaire équivaut à une augmentation de près de 7 % de la consommation. C'est pourquoi l'installation est équipée d'un thermostat d'ambiance et d'un régulateur extérieur qui agit sur la modulation du brûleur pour les applications planchers chauffants et radiateurs. Les mitigeurs thermostatiques à double cran d'arrêts, sont là pour réduire sensiblement la consommation en eau potable. Par ailleurs, la maison est livrée avec des ampoules faible consommation et le système de préchauffage des eaux du lave-linge et du lave-vaisselle par le solaire entraîne une moindre sollicitation de la résistance électrique des appareils.
En cohérence avec la qualité environnementale de la maison et les exigences de ses occupants, le garage est équipé d'un robinet de remplissage pour un véhicule roulant au gaz naturel (GNV). Ce fluide présente de nombreux avantages : ce n'est pas un dérivé du pétrole ; les ressources sont abondantes ; et pour ouvrir une station-service chez soi, il suffit de se brancher au réseau et de compresser le tout à 200 bars ! En outre, le gaz naturel qui ne s'enflamme qu'à 650 °C, supprime le risque d'explosion spontanée. Plus léger que l'air, il s'échappe sans former de couches inflammables en cas de fuite. Enfin, le GNV pollue peu, même s'il s'agit encore d'un carburant fossile.
Bien sûr, il est toujours possible de faire plus et mieux pour préserver notre planète et son propre confort, fait remarquer Laurent Beaugiraud. Au stade de la conception de la maison, on aurait pu opter pour des matériaux écologiques supplémentaires comme la terre cuite, le chanvre, les plumes de canard, ou bien pour une citerne de récupération des eaux de pluies qui économise davantage d'eau potable, par exemple ! Mais cette maison exemplaire se devait d'être aisément reproductible.
Grâce à sa conception, la maison atteint un niveau de protection contre la surchauffe d'été équivalent à une sensation de rafraîchissement de 4 à 5°C par rapport à une maison conventionnelle. Soit une cotation bioclimatique 3*** pour le confort été/hiver correspondant à 170 points en référentiel Gaz de France. De plus, avec 70 % des besoins en eau chaude sanitaire couverts par l'énergie solaire et un montant de 300 €/an de gaz naturel pour le chauffage et le complément en eau chaude, la facture des occupants est estimée à moins de 1 €/jour. Une aberration demeure cependant : les locataires de cette maison et le propriétaire n'ont pas pu bénéficier du crédit d'impôt réservé aux habitations principales. A l'occasion de sa visite, Jean Louis Borloo a promis d'y réfléchir ! Etendre aux propriétaires bailleurs le bénéfice du crédit d'impôt pour les investissements en économies d'énergie fait d'ailleurs partie des 30 propositions, sélectionnées par le débat web sur la maîtrise de l'énergie organisé de mars à juillet par l'ADEME et SOPINSPACE, qui seront transmis au Ministère de l'Ecologie, du développement et de l'aménagement durables pour alimenter les travaux lancés par Jean-Louis Borloo dans le cadre du « Grenelle Environnement ».
*Partenaires industriels : ACOVA, ALDES, BANACRIL, CHAFFOTEAUX & MAURY, DELTA DORE, ISOVER, KP1, RAMON SOLER, SAINT GOBAIN GLASS, avec le Cabinet d'études thermiques BASTIDE ET BONDOUX (69).
Partenaires institutionnels : ADEME, Association Maisons de Qualité, Gaz de France, UCI-FFB (Union des constructeurs immobiliers-Fédération Française du Bâtiment).