Depuis le 15 juillet, les centrales nucléaires de Blayais (Gironde), Bugey (Ain), Golfech (Tarn-et-Garonne) et Saint-Alban (Isère) bénéficient d'un régime dérogatoire concernant les conditions thermiques de leurs rejets d'eau. Ce dispositif temporaire s'applique jusqu'au 24 juillet inclus. Il est pris par le biais de deux décisions de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) homologuées par des arrêtés ministériels.
Concrètement, ces décisions de l'ASN autorisent EDF à dépasser les valeurs limites d'échauffement en aval des quatre centrales nucléaires concernées. Actuellement, la canicule et la sécheresse entraînent une élévation inhabituelle de la température de certains cours d'eau. « Le respect des valeurs limites sur la température des rejets liquides pourrait impliquer la réduction de la puissance ou l'arrêt de la production électrique de plusieurs réacteurs sur les sites [concernés] », explique l'ASN.
Le premier arrêté concerne les centrales de Blayais, Golfech et Saint-Alban et le second porte sur la centrale de Bugey.
La centrale du Blayais est autorisée à fonctionner tant que la différence entre la température des eaux prélevées dans la Gironde et la température des eaux rejetées ne dépasse pas 11 °C en valeur moyenne journalière.
S'agissant de Golfech, la dérogation permet à EDF de maintenir la centrale en service tant que la différence entre la température à l'aval du rejet après mélange aux eaux de la Garonne et la température en amont ne dépasse pas 0,3 °C en valeur moyenne horaire.
Quant à Saint-Alban et Bugey, elles peuvent fonctionner tant que l'échauffement après mélange des effluents dans le Rhône ne dépasse pas 3 °C en valeur moyenne journalière.
Un maintien en activité « indispensable » selon RTE
« Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité (RTE) estime que le maintien à une puissance minimale [de ces] centrales nucléaires (…) est indispensable à la sécurité du réseau électrique. Sur cette base, le ministère de la Transition énergétique considère que cela constitue une nécessité publique », justifie l'ASN. Le fonctionnement des réacteurs dans ce cadre particulier doit rester limité aux situations où RTE requiert effectivement leur fonctionnement pour garantir l'approvisionnement électrique.
EDF devra alors réaliser « une surveillance spécifique de l'environnement », afin de mesurer l'impact de ce relèvement de la température autorisée à l'aval des centrales. L'entreprise devra notamment informer les pouvoirs publics des températures effective-ment constatées après mélange à l'aval ainsi que des répercussions éventuellement observées sur l'environnement aquatique, notamment la vie piscicole.
Un bilan de ce fonctionnement dérogatoire devra être remis à l'ASN, au ministère chargé de la Sûreté nucléaire et aux services déconcentrés de l'État, au plus tard le 31 mars 2023.