Nombreuses sont les voix à mettre à garde contre le risque de défaillance croissant auquel ferait face le système électrique européen.
Mais même dans des conditions extrêmes, l'Europe n'aura pas de difficulté à équilibrer l'offre et la demande d'électricité entre début juin et mi-septembre. C'est le résultat des "perspectives pour l'été (1) ", publiées par le réseau européen de gestionnaires de réseaux de transport, ENTSO-E, mercredi 21 mai.
"L'Europe a suffisamment de capacité de production pour les situations de demande normale et difficile, malgré le fait que la fermeture ou la mise sous cocon de centrales au fioul et au gaz pour des raisons économiques créent des congestions sur les réseaux au niveau local", écrivent les experts.
Importer de l'énergie est souvent la solution
Les pays incapables de produire toute l'électricité consommée disposent en général de suffisamment de capacités d'importations à travers les interconnexions des réseaux de transport avec les pays voisins.
Seule la Pologne en manquera pendant une longue période au cours de l'été, selon ses propres prévisions. Le gestionnaire de réseau a donc prévu des mesures opérationnelles afin de garantir l'équilibre entre offre et demande.
ENTSO-E s'est aussi penché sur la capacité des gestionnaires de réseaux de différents États de gérer une injection massive d'énergies renouvelables quand la demande d'électricité est faible. Cet été, certains pays vont devoir réduire la production d'électricité verte. Le manque de capacité d'interconnexion empêche l'exportation de l'offre excédentaire.
Peu de risques pour la France
Le risque qui pèse sur la sécurité d'approvisionnement de la France est "plutôt faible", résume le rapport. Le problème principal résultera de la concomitance des périodes de sécheresse avec un taux d'indisponibilité plus élevé que prévu, notamment pour la production nucléaire.
Les capacités de production disponibles dans des conditions normales ont baissé par rapport à 2013, alors qu'elles sont restées stables dans les situations difficiles. C'est notamment la capacité des centrales thermiques fossiles qui a diminué. Mais la baisse a été "compensée par l'augmentation de capacité de production solaire et éolienne terrestre".
L'Hexagone ne dépend pas des interconnexions pour assurer son approvisionnement, souligne également ENTSO-E. Ces dernières peuvent ainsi être utilisées pour "optimiser l'efficacité du marché".
Le sud de l'Allemagne en manque
L'Allemagne manque de puissance active et réactive au Sud. L'arrêt de centrales nucléaires en 2011 pose toujours problème aux gestionnaires de réseau de cette région, explique le rapport. Des projets de construction de nouvelles centrales ont été retardés.
"Le problème aujourd'hui est moins un problème de capacité que de distribution régionale des centrales électriques", précise ENTSO-E.
L'injection massive d'électricité photovoltaïque pendant des périodes de faible demande crée des risques pour le maintien de la tension au sud de l'Allemagne, faute de puissance réactive suffisante. 39 GW de solaire photovoltaïque seront installés d'ici mi-2014.