Le Carbon Disclosure Project (CDP), organisation internationale représentant un groupe de 475 grands investisseurs, dont les actifs s'élèvent à 55.000 milliards de dollars US, publie chaque année un rapport sur l'intégration du changement climatique dans les stratégies des 500 plus grandes entreprises (1) mondiales en termes de capitalisation boursière, responsables de 11,5% des émissions globales de gaz à effet de serre (GES). Un questionnaire est alors envoyé aux entreprises en leur demandant des informations concernant leurs émissions de gaz à effet de serre et évalue leur réactivité ''face à l'enjeu climatique''.
Concernant les entreprises européennes, celles-ci restent, à l'instar de 2009, ''les plus impliquées au niveau mondial dans le reporting et la gestion des émissions de carbone", selon le rapport CDP Europe publié le 9 novembre par CA Cheuvreux et sponsorisé par Axa. Ce rapport analyse les réponses des 300 premières entreprises européennes par capitalisation boursière (FTS Eurofirst Eurozone). Rappelons que ces entreprises sont soumises depuis janvier 2005 au marché d'échange de quotas de CO2.
''La plupart des gros émetteurs de CO2 ont réussi à réduire leur intensité carbone en 2009 (réduction de 3% pour les 18 producteurs d'électricité européens couverts dans ce rapport)'', selon Erwan Crehalet, analyste sur le changement climatique chez CA Cheuvreux. Siemens a par ailleurs atteint '' le meilleur score de l'indice CDLI (Carbon Disclosure Leadership Index) du CDP cette année'' qui distingue la transparence et la responsabilité du groupe face aux enjeux du changement climatique. 32 autres sociétés européennes ont intégré cet indice.
Près de 80% des sociétés européennes ayant répondu au questionnaire CDP ont également fixé des objectifs de réduction d'émissions dont la majorité ''expireront à l'horizon 2012''. Mais "des efforts supplémentaires sont nécessaires" pour atteindre les objectifs de réduction de 20% des émissions de GES,d'ici 2020, fixés par l'UE, prévient le rapport. Moins d'un quart des sociétés fixe des objectifs au‐delà de 2015. ''Si ces sociétés atteignaient leurs objectifs actuels, elles pourraient afficher une réduction moyenne des émissions de seulement 1,5% par an. Ces réductions sont inférieures à la baisse des émissions absolues dans le cadre de l'EU‐ETS de 1,9% par an en moyenne sur 2013 à 2020, et jusqu'à 4,1% si l'Union européenne décide d'adopter l'objectif de 30% de réduction des GES à l'échelle européenne'', observent les analystes.
"Avec seulement 32 Mds d'euros d'investissements prévus communiqués cette année – seulement un tiers du montant de l'an passé – les entreprises offrent moins de visibilité sur leurs efforts futurs destinés à réduire leurs émissions," ajoute Erwan Crehalet.
En France, le dernier rapport CDP, réalisé par Deloitte (2) et soutenu par le crédit Agricole S.A publié le 10 novembre, montre ''une participation plus limitée" des capitalisations françaises faisant partie de l'indice SBF 120 : 61 %, contre 63 % les deux années précédentes tandis que ce taux chute à 31 % sur le périmètre du SBF250 (250 premières capitalisations boursières françaises). En revanche, selon l'indice CDLI, 20 entreprises françaises figurent parmi les mieux classées en fonction de la qualité de l'information fournie, et obtiennent une note est supérieure ou égale à 75 sur 100 (contre 65 sur 100 en 2009). Lafarge, Renault et Saint-Gobain figurent en tête du CDLI France.
Alors que l’approche des entreprises ''suivait une logique de maîtrise de leurs risques'', l’enquête montre que ''la perception d’opportunités est désormais prépondérante et que la problématique carbone progresse au sein du management", ajoute Deloitte. 78 % des entreprises ayant répondu à l’enquête ont identifié au moins une opportunité liée aux enjeux du carbone, ce taux étant plus élevé que pour la perception des risques (63 %).