Des chercheurs de l'Institut national de recherche agronomique (Inra), du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et du CNRS ont mis en évidence qu'au cours des cinquante dernières années, 25% du carbone jeune présent dans le premier mètre des sols de la planète ont été renouvelés, avec une contribution significative des couches profondes. Leurs résultats (1) sont parus le 11 juillet dans la revue Nature.
Alors que les sols sont le réservoir majeur du carbone de la planète avec plus de 1.500 milliards de tonnes, ils sont au cœur des flux de carbone. Celui-ci est incorporé dans le sol par les végétaux et y séjourne pendant des durées variables avant d'être en grande partie converti à nouveau en CO2. "Ces échanges entre sol et atmosphère contribuent à réguler la teneur en CO2 de l'atmosphère, et donc le climat, et sont susceptibles d'affecter la productivité des agro-écosystèmes". D'où l'importance de connaître la dynamique des échanges de carbone.
Les scientifiques ont cherché à comprendre la cinétique de renouvellement du carbone des sols en fonction de sa profondeur d'enfouissement et de ses déterminants anthropiques et climatiques.
Exploitant leurs mesures et les données de quelque 50 études, ils montrent qu'entre 1965 et 2015, un quart du carbone jeune, c'est-à-dire datant de moins de 50 ans, a été renouvelé. La dynamique de renouvellement du carbone est cependant sept fois plus rapide dans les couches superficielles (0-30 cm) que dans les couches plus profondes (30 cm – 1 m).
Autre découverte : les sols cultivés, bien moins chargés en carbone dans les couches superficielles, abritent cependant 30% du carbone jeune en profondeur. Cela souligne "l'impact de l'usage des sols et des pratiques agricoles sur le renouvellement du carbone". Enfin, la contribution des couches profondes du sol au carbone jeune est plus forte en climat sec où l'enracinement des végétaux est plus profond.