Avec ses 47 000 panneaux, c'est clairement le projet le plus important d'Europe. Une puissance de 17 MWc pour produire l'équivalent de la consommation électrique d'environ 5 000 foyers. C'est la société Akuo Energy qui développe le projet en utilisant des flotteurs conçus par la société française Ciel et Terre. Cette dernière est un des leaders mondiaux du solaire flottant. Elle a déjà fourni ses flotteurs pour de nombreux projets à l'international et en particulier au Japon, à la suite du séisme et du tsunami de 2011.
Le Japon, comme la France, dans une moindre mesure, souffrent d'une pression foncière et l'un des avantages de cette technologie est justement de ne pas occuper les sols. Toutefois, l'installation d'une telle centrale oblige les développeurs à engager des études d'impacts poussées sur le milieu naturel, aquacole, avifaune, aviflore. On peut largement comprendre que des milliers de panneaux solaires posés sur un plan d'eau créent une zone d'ombre et donc perturbent l'écosystème. Néanmoins, cette perturbation reste limitée selon Akuo Energy "car seulement environ la moitié d'un plan d'eau est recouvert, et si ce genre de projet peut être déployé sur des zones dites dégradées, comme c'est le cas sur le projet de Piolenc, il peut également être mis en œuvre sur des bassins d'irrigation ou d'aquaculture, par exemple, voire d'eau destinée à la consommation humaine, comme c'est le cas en Angleterre sur un bassin alimentant la ville de Londres." Celui de Piolenc est basé sur une ancienne carrière d'extraction de granulats.
Aujourd'hui, il est encore impensable de développer cette technologie en mer. "Ce ne sont pas des plans d'eau calmes, aussi pour des raisons de corrosion, ça serait très compliqué dans l'état actuel des choses", prévient le président d'Akuo Energy.
Sur le plan technique, le projet présente la particularité de construire des îlots de panneaux solaires, mis à l'eau, manœuvrés en bateau et assemblés sur l'eau, pas toujours facile selon les conditions météo. Autre particularité, "l'étude d'ancrage. Même si le plan d'eau est stable et calme, il faut quand même ancrer la structure par rapport au vent et lui donner une certaine latitude puisqu'on peut imaginer que le niveau de l'eau monte ou descend", explique Éric Scotto. Ces installations seraient résistantes à des vents extrêmes, voire cycloniques.
De façon standard, le rendement des panneaux solaires baisse lorsqu'ils chauffent trop, dès 30°C. Mais l'évaporation de l'eau permet de les rafraîchir et donc de gagner 2 à 3 % de rendement.
La centrale a coûté 17 millions d'euros, dont un million a été apporté par un financement participatif permettant aux habitants locaux de s'approprier le projet. C'est toutefois en Chine que le record mondial des dimensions a été établi cette année, avec une centrale solaire flottante de 86 hectares et 120 000 panneaux, pour une puissance de 40 MWc, soit deux fois plus importante que celle de Piolenc...