Le bénéfice environnemental des circuits courts alimentaires de proximité (1) ne serait pas aussi systématique qu'il y paraîtrait selon un avis de l'Ademe d'avril 2012. Ventes directes à la ferme, en tournée, association pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap), commerces de proximité, restauration hors domicile, etc. : la diversité des formes revêtues par ce type de commerce rendrait l'évaluation des impacts difficile à réaliser et ne permettrait pas de généraliser les résultats.
Concernant les aspects positifs, l'agence souligne que les circuits courts de proximité permettent une réduction des déchets de conditionnement : dans de nombreux cas, les produits bruts sont peu ou pas emballés. Comme le délai entre la production et la commercialisation est réduit, ces distributeurs utilisent moins des procédés de conservation comme le stockage au froid. Elle note également que la production locale d'une partie des besoins alimentaires sécurise les approvisionnements, l'économie du lieu et la délocalisation des impacts. Le maintien d'une agriculture périurbaine peut également jouer sur une limitation de l'étalement urbain. Enfin, l'Ademe rappelle que les réglementations nationales et européennes en vigueur figurent parmi les plus exigeantes.
Des exploitations des circuits courts moins productives
Si les exploitations des circuits courts ont moins recours à des intrants, elles s'avèrent cependant parfois moins productives selon l'agence (de par leurs petites tailles et des logiques souvent peu intensives). Autre point à prendre en compte : le mode de culture. Des aliments produits localement sous serre chauffée peuvent en effet être plus impactant que des produits importés d'autre pays cultivés en plein air. "Une salade cultivée en Allemagne, sous serre, en hiver aura un bilan en termes de CO2 émis, de la production à la consommation, deux fois plus élevé que le même légume importé d'Espagne où il est cultivé en plein air (510 gr eqCO2/salade contre 240gr eqCO2/salade)" illustre l'Ademe.
L'organisation logistique constituerait un autre élément capital pour réduire les coûts environnementaux. Ainsi un transport de marchandises optimisé sur de grandes distances s'avèrerait plus vertueux que des petits trajets effectués dans des camionnettes peu remplies et revenant à vide. "Les émissions par kilomètre parcouru et par tonne transportée sont environ 10 fois plus faibles pour un poids lourd de 32 tonnes et 100 fois plus faibles pour un cargo transocéanique que pour une camionnette de moins de 3,5 tonnes car ils permettent de parcourir de plus grandes distances à impact gaz à effet de serre équivalent" assure dans son avis l'Ademe. Elle estime en revanche, qu'avec une adéquation du moyen de transport au volume transporté, l'optimisation du circuit de livraison et du remplissage du camion, les circuits courts peuvent être très performants.
En 2010, en France, les achats réalisés grâce à un circuit court représentaient 6 à 7 % des courses alimentaires. Les exploitations les plus représentatives dans ce mode de distribution sont les filières du miel et des légumes (50%), les fruits et le vin (25%) et enfin des produits animaux (10%). Elles sont converties en bio pour 10 % d'entre elles contre 2 % en circuit long.