Stocker et piloter la chaleur dans les bâtiments grâce à l'intelligence artificielle, développer des systèmes photovoltaïques biface pour des toitures à structure légère ou encore concevoir une éolienne volante… Ces projets font partie des 89 lauréats de la première vague du concours d'innovation, lancé dans le cadre des investissements d'avenir. Quarante six projets retenus portent particulièrement sur la transition écologique et le plan climat : transport et mobilité durable, agriculture innovante, écosystèmes terrestres, aquatiques et marins, énergies renouvelables, stockage et systèmes énergétiques.
Ils ont été sélectionnés parce qu'ils présentent un "potentiel particulièrement fort pour l'économie française", et sont portés par des PME et des start-ups. "Les lauréats se voient proposer un cofinancement de leurs projets de recherche, développement et innovation, dont les coûts totaux se situent entre 600.000 et 5 millions d'euros" sous forme de subventions ou d'avances remboursables, indique l'Ademe, qui pilote la partie "verte" du concours d'innovation.
Une deuxième vague de sélection de projets est lancée jusqu'au 9 octobre 2018. Ils devront notamment porter sur la performance environnementale des bâtiments (1) , l'industrie, l'agriculture et la sylviculture éco-efficientes (2) , l'économie circulaire (3) et les expositions chroniques et les risques sanitaires (4) .
L'IA, les panneaux biface et les cerfs volants au service de l'énergie
Le projet Accenta.Ai, porté par la société éponyme, veut mettre l'intelligence artificielle (IA) au cœur du système de chauffage des bâtiments. L'idée est de combiner une solution de stockage des énergies thermiques et un système de pilotage intelligent. Ce dernier sera "auto-apprenant", grâce à des algorithmes d'intelligence artificielle, et devrait permettre "d'atteindre des niveaux de performance inégalés tant en efficacité énergétique qu'en décarbonation, à un coût compétitif par rapport aux énergies traditionnelles", selon le porteur de projet. Le système sera développé d'ici 2021.
Be light, développé par Voltinov, vise à concevoir, d'ici 2020, des solutions photovoltaïques adaptées aux bâtiments à structure légère, qui ne peuvent pas accueillir les panneaux classiques. En optant pour des panneaux à biface, qui produisent recto-verso, l'objectif est d'atteindre "des niveaux de productibles très élevés pour une surface de cellules photovoltaïques réduite". Par ailleurs, les cellules bifaces doivent apporter "une courbe de production lissée sur toute l'année et non plus optimisée pour les saisons estivales et printanières". Elles ciblent donc le marché de l'autoconsommation.
Le projet Scale&Mix porte quant à lui sur le solaire thermique. La société Newheat, spécialisée dans la fourniture de chaleur solaire aux sites industriels, veut améliorer la performance de ses installations et augmenter la part de chaleur fournie au consommateur. L'idée est de coupler différentes technologies renouvelables et différents types de stockage (journaliers et inter-saisonniers).
Plus original, le projet Strato-wind, porté par Kitewinder, devrait aboutir à un vol en essaim d'éoliennes. Après le développement et la commercialisation de Kiwee one, un cerf volant équipé d'une hélice qui produit de l'électricité, Kitewinder veut développer un prototype plus puissant et tester les vols en essaim, pour des solutions offshore.
ADN environnemental et plantes phytoextractrices
D'autres projets portent sur la biodiversité et l'agriculture. Ainsi, le laboratoire d'expertise scientifique Spygen est spécialisé dans le suivi de la biodiversité grâce à l'ADN environnemental (ADNe). "Les technologies développées permettent d'améliorer le suivi d'espèces rares ou discrètes et visent à renforcer les opérations de veille environnementale à l'échelle mondiale", précise-t-il. Son projet, ALIVe (All Life InVentory using eDNA), vise à développer et standardiser des méthodes d'inventaire de la biodiversité globale, grâce à l'ADNe. Cela permettra de créer une plateforme de cartographie en ligne et de favoriser le partage et le traitement de ces données génétiques. Ce projet pourrait aussi aboutir à la mise en place de nouveaux indicateurs de biodiversité, pour évaluer et suivre l'état de santé des écosystèmes.
Biomede va plancher de son côté sur le potentiel phytoextracteur d'une plante, afin d'apporter une réponse à l'accumulation de cuivre dans les sols, liée à son utilisation par l'agriculture biologique. Le projet Seedextra doit permettre d'optimiser les performances d'une plante hyperaccumulatrice du cuivre, en la stimulant biologiquement.
Enfin, Carbon Bee AgTech veut utiliser l'intelligence artificielle pour mieux détecter les maladies et adventices de cultures. Le projet ILS (Intelligent Localized Spraying) a "pour objectif la mise sur le marché d'une solution de capteurs hyperspectraux et d'analyse par intelligence artificielle, installés sur la rampe de pulvérisateur, permettant d'identifier et discriminer les espèces végétales nuisibles (adventices), afin de piloter en temps réel une pulvérisation localisée", explique la société. Le projet doit permettre de développer un modèle d'affaire reposant sur une logique de service.